Amour / Questionnements

Admettre son homosexualité libère


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Je m’appelle Julien*, j’ai 20 ans et j’ai découvert mon homosexualité très récemment à l’âge de 18 ans. J’avais pour la première fois des sentiments amoureux bien conscients pour un gars, malheureusement hétérosexuel. Le processus de cette découverte a été très long, même si j’aurais dû faire attention aux indices que me laissait mon subconscient depuis toujours.

En fait, je dirais que j’ai commencé naturellement par me penser hétéro, comme beaucoup d’hommes et de femmes, sans rien remettre en question. Mes premiers sentiments amoureux ont même été pour des filles, mais plus je grandissais, plus je sentais que certains mecs m’attiraient davantage que les plus belles filles de l’école. Je suis sorti avec une fille à 16 ans, mais l’expérience a été de très courte durée : elle m’a largué au bout de 20 jours. C’est la seule fille avec qui je suis sorti.

Malgré cette première déception amoureuse, j’ai continué à m’imaginer avec des filles. Dans ma tête, j’avais le schéma hétéro que je ne remettais jamais en cause et que toute famille inculque à ses enfants, comme se marier avec une femme et avoir des enfants. Mais en même temps, mon attirance pour les hommes devenait de plus en plus prégnante en moi et commençait à entrer en dissonance avec mon éducation. Je peux même dire avec du recul que je commençais à en souffrir. J’avais envie de devenir intime avec certains garçons de ma classe mais je ne m’y autorisais pas du tout. Et plus le temps passait, moins les filles m’attiraient et plus les garçons me plaisaient.

A 18 ans, je suis devenu très ami avec un certain Thibaut jusqu’à en devenir amoureux. En fait, j’étais déjà tombé amoureux d’amis par le passé sans en être vraiment conscient parce que je me l’étais toujours caché. C’est avec ce Thibaut que mon attirance romantique pour les hommes s’est complètement révélée et ne pouvait plus être niée.

Je me suis longtemps demandé si j’allais lui avouer mes sentiments ou pas, jusqu’à ce que ce garçon sorte avec une fille pendant plus d’un an. Donc je n’ai rien fait.

De mes 18 à mes 20 ans, j’ai continué à vouloir ne pas admettre mon homosexualité alors que les femmes ne m’intéressaient plus, je ne pensais plus qu’aux mecs avec qui j’avais envie de devenir intime.

Je vous écris maintenant à 20 ans car j’ai pris une grande décision, admettre mon homosexualité pour ne plus souffrir, les filles pour moi c’est râpé et j’ai envie de sortir avec un garçon.

Je peux vous dire qu’admettre son homosexualité libère et permet de moins souffrir.

J’habite sur Paris, et j’ai hâte que le confinement se termine. Dans une grande ville comme Paris, il existe des endroits où l’on peut rencontrer des gays, je voudrais en profiter. Ça me rassure d’aller dans ces lieux en sachant que je peux draguer en sécurité, ou me faire draguer sans subir des insultes ou une agression homophobe. Je n’ai jamais vécu de situation homophobe et je ne voudrais pas en vivre.

J’espère que la prochaine fois que je vous écrirai, ce sera pour vous dire que j’ai enfin rencontré quelqu’un que j’aime !

Témoignage reçu en novembre 2020

Le commentaire de C'est comme ça

Le témoignage de Julien soulève la question de l’hétéronormativité. En effet, dans la plupart des familles, dans la plupart des représentations, il n’y a de place que pour les couples homme/femme. Cela permet difficilement de s’imaginer dans un autre type de relation ! C’est en grande partie à cause de cette norme que certaines personnes LGBT+ ou en questionnement se sentent bizarres ou anormales. Pourtant la diversité existe bien, nous le prouvons dans notre Médiathèque et notre rubrique Portraits. Tu te sens à part ? Tu peux y faire un tour pour voir que tu n’es pas seul·e du tout, et que toutes les orientations sont belles et peuvent amener à des relations heureuses :)

Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.