Bonjour, je m’appelle Alexandre, j’ai 18 ans et je suis censé être homosexuel, mais j’ai de plus en plus de doutes à ce sujet. Mon histoire n’est pas vraiment comme celle des autres (ou peut-être pas). En effet, je vois que dans la plupart des témoignages (et pas seulement sur ce site), il y a des phrases comme : « Je l’ai toujours su » ou encore « Depuis que je suis petit je regarde les garçons. » Ce n’est pas la même chose pour moi. J’étais attiré par les filles avant. J’ai l’impression que mon coming out m’a été forcé.
Je n’ai pas vraiment eu de véritable période de question identitaire sur ma sexualité. Quand j’étais en troisième, mes amis (la plupart étaient des filles) m’ont poussé à me « révéler » jusqu’à ce que finalement je dise que j’étais bien attiré par les garçons. Suite à cela en seconde pour moi tout était clair, j’étais homosexuel et ainsi de suite jusqu’à la terminale. Cependant aujourd’hui – et ce depuis trois mois environ – je me pose des questions.
Lorsque j’étais au collège j’avais le coup de foudre « facile » dira-t-on : il suffisait que je m’entende bien avec une fille pour que je me dise : « Je suis amoureux ! » Et un jour j’ai eu un « coup de foudre » pour une fille qui était à l’époque ma meilleure amie. Cette dernière l’a très mal pris, et ne m’a plus parlé pendant six mois. Ces six mois furent assez difficiles, c’est l’époque où tout le monde s’est mis à me dire : « Mais tu es gay !Tu ne comprends pas ? Et tant que tu n’auras pas compris cela, rien ne s’arrangera« .
J’ai donc choisi la facilité en disant à tout le monde que j’étais bisexuel, car oui j’étais bien attiré par les garçons. Et puis après vient un garçon, Ryan. Ce n’était pas comme mes « coups de foudres » habituels. Lui, je l’aimais vraiment. J’étais attiré autant par son corps que par son caractère. Dès qu’il m’embrassait, j’avais une érection (Ah ! la troisième…) Suite à cette histoire (c’était un amour à sens unique) je me suis donc directement dit « homosexuel », le criant sur tous les toits.
Ma famille n’a aucun problème avec l’homosexualité. Je l’ai dit à ma sœur en seconde. Elle m’a répondu, je cite : « De toutes façons j’en étais sûre que t’allais finir gay, je n’ai aucun problème avec ça ! Tu es comme tu es ! » (Ma sœur a trois ans de plus que moi.)
Ma mère est au courant car elle a lu mon journal intime… Et mon père je ne lui ai pas dit bien que lui non plus n’ait aucun problème avec l’homosexualité, je cite ses propos « Le Vatican dit vraiment n’importe quoi, je me demande comment on peut faire un parallèle entre pédophilie et homosexualité, ils sont vraiment à la ramasse. » Du côté des cousins, j’ai une cousine lesbienne et cela passe très bien dans la famille.
Maintenant, il s’est passé des choses bizarres dans ma vie récemment. J’ai 18 ans : pour moi, ce devrait être la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. Cependant, avant la terminale, je n’avais jamais fait de réelle « crise d’ado » car ma sœur en faisait une trop grande et qu’inconsciemment je ne voulais pas déranger mes parents (Je pense que c’est ça… après, je ne suis sûr de rien.)
Ma sœur a quitté la maison. Vers décembre, j’ai commencé à sécher les cours pour partir en voiture avec une très bonne amie à moi. J’avais pour modèle un personnage de série télévisée (Marissa Cooper dans Newport Beach) qui est très impulsive et en plein questionnement. Alors, comme Marissa Cooper, je n’ai plus révisé les contrôles (je suis allé au bac blanc en touriste.) Et quand j’étais chez moi, je ne parlais plus à personne et je m’enfermais dans ma chambre.
Cependant les notes ne chutaient pas (j’ai eu 11,8/20 en moyenne générale au bac blanc) et ma « crise d’adolescence » s’est calmée. Tout cela est derrière moi, désormais : j’ai repris le contact avec mes parents, j’ai arrêté de sécher le 30 avril, j’ai révisé à fond pour le bac.
Et puis il y a cette fille. Pour qui j’ai peut-être des sentiments, quelque chose de comparable à ce que je ressentais avec Ryan, sans être identique. Je ne sais pas. Je me sens vraiment bien avec elle ; cependant je ne sais pas vraiment si je suis excité par elle ou pas. Je suis toujours attiré par les garçons il n’y a aucun doute là-dessus, il m’arrive fréquemment de me retourner dans la rue pour regarder le postérieur d’un homme. Mais quand je vois que j’ai certains sentiments pour une fille dans la même période où j’ai fait une « crise », je me demande si tout ça (la crise, l’histoire avec une fille) n’est pas juste une phase car souvent l’adolescence est la période des questionnements sur l’identité (« Qui suis-je ? »).
Suis-je vraiment gay ? Ou alors suis-je bisexuel ? Je voudrais simplement votre avis sur la question…
Témoignage reçu en juin 2010
Le commentaire de C'est comme ça
Bonjour Alexandre. Merci pour ton témoignage et de nous faire partager tes interrogations.
L'équipe de C'est comme ça ne peut pas te dire si tu es gay, bi, hétéro... et elle n'en a pas non plus le droit. Personne n'a le droit de décider à ta place de tes sentiments et attirances. Tu cites des formules qui nous font réagir, de ces "gens" qui te disaient "mais tu es gay", "tu vas finir gay"... Comment pouvaient-ils en être si sûrs ? Et pourquoi "finir" ? Même les personnes qui te connaissent le mieux ne peuvent prétendre savoir à ta place ce que tu vis, ce que tu éprouves.
Par ailleurs, ton identité, comme celle de tout être humain, est riche et complexe. Elle ne se réduit pas à une orientation sexuelle, que seul toi peux définir, ou refuser de définir aussi bien.
On aime des personnes, pas un sexe. Bien sûr, beaucoup de gens se disent hétéro ou homo exclusivement. Mais pour certains d'entre eux, cette exclusivité ne reflète pas vraiment qui ils sont ou ce qu'ils pourraient vivre.
La question essentielle à te poser à toi-même serait peut-être : jusqu'à quel point es-tu prêt à t'engager auprès d'une personne, qu'elle soit fille ou garçon ? Tu parles de cette fille pour laquelle tu éprouves actuellement des sentiments proches de ceux que tu avais pour Ryan. Le sait-elle ? T'a-t-elle manifesté quelque chose qui allait dans le même sens ? Si vous vivez une histoire ensemble, lui diras-tu d'emblée, ou plus tard, que tu es aussi attiré par les garçons ?
Il est très important, si tu vis une histoire avec elle, que tu restes attentif aux questions que tu te poses sur ton homosexualité. Sinon, cela reviendrait à laisser de côté une partie de toi, ce qui peut faire beaucoup de dégâts. Plus tu sauras tenir compte de tous les aspects de ton orientation amoureuse (plutôt que de mettre un couvercle sur l'un ou l'autre de ces aspects), plus tu seras en accord avec toi-même, plus ta vie sera équilibrée. La fidélité à la personne choisie par ton cœur n'empêche pas d'être attentif à toi-même.
Pour bien vivre une orientation sexuelle sans étiquette exclusive (homo ou hétéro), il est important de bien la porter en soi, et si tu peux en parler à quelques-unes des personnes qui comptent ou compteront pour toi, c'est encore bien mieux.
Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.