Mes droits

Mes droits : le harcèlement scolaire


Temps de lecture: 6 minutes

Qu’est-ce que le harcèlement scolaire (bullying en anglais) ?

Définition

Le harcèlement scolaire est le fait pour un·e élève ou un groupe d’élèves de faire subir de manière répétée à un·e camarade des propos ou des comportements agressifs. 

Si, à l’école ou en dehors de l’école, d’autres élèves s’en prennent à toi plusieurs fois d’affilée (au moins 2 fois) cela s’appelle du harcèlement. Cela peut être se moquer de toi, te voler ou abîmer tes affaires, te donner des surnoms méchants, rigoler quand tu participes en classe, te bousculer, te mettre de côté, refuser de jouer ou de déjeuner avec toi, etc. 

Cela peut entraîner plein de conséquences sur toi : avoir la boule au ventre à l’idée d’aller au collège/lycée, te rendre triste, t’empêcher de te concentrer en cours et faire baisser tes résultats, etc.

Vos témoignages

Extrait du témoignage de Julien
“Au mois de septembre 2011, je suis rentré en terminale bac pro boulangerie pâtisserie. J’étais dans une classe assez mixte, et le début d’année s’est bien déroulé. Jusqu’en décembre, janvier… où j’ai eu le malheur de dire à mes camarades de classe que j’étais homo. Alors, j’ai reçu des réflexions homophobes, comme quoi, je n’étais pas normal, que je devais me faire soigner… Que des trucs comme ça, tous les jours. Alors je me suis tourné vers ma prof de français : on a pas beaucoup parlé tous les deux dans un premier temps. Après, pendant une heure de cours, elle a lancé le débat sur les homosexuels, l’homophobie. Les autres ont dit que c’était pour rigoler… Quand c’est une réflexion peut-être, mais quand c’est plusieurs fois par jour, ce n’est plus drôle. Par exemple pendant toute une journée, deux personnes n’ont pas arrêté de me dire “mon cœur” à la fin de chaque phrase, ou “en parlant de gay, le voilà le PD“. C’était très énervant. J’ai fini par m’isoler et n’écouter que moi.
Je suis allé voir aussi le Conseiller principal d’éducation et grâce à cela, à la fin de l’année, je n’entendais plus de réflexions homophobes : ils ont fait pression sur ces élèves.”

Extrait du témoignage de Stéphane :
“Ma réaction n’a pas été la bonne. Chercher un refuge dans le travail – cet instrument de torture – n’est qu’une solution à court terme. Si je pouvais remonter le temps, la première chose que je ferais, cela serait d’en parler. En parler à n’importe qui : CPE, parents, professeurs… Je ne réalisais pas qu’une issue était envisageable. En troisième, en raison de mon comportement “anormal” (perte de confiance en soi, déprime, anxiété), j’ai dû avouer ce que j’avais subi, et le fait que l’on ait eu enfin de la peine pour mon sort m’a fait énormément de bien. Cela ne s’est pas du tout passé comme je l’aurais cru ! Si je l’avais dit avant, j’aurais évité très certainement plusieurs années de souffrance…”

Extrait du témoignage de Laura :
“Une prof d’anglais commença à me demander ce qu’il se passait et je lui expliquai. Elle voulait que j’aille en parler à la CPE mais je refusai, j’avais peur. J’étais paralysée par cette peur, peur que ça aille encore plus loin en parlant. Mais je n’eus pas besoin de parler pour que ça aille plus loin. Á un moment ce furent des pierres qu’on me jeta et, alors que je pleurais dans les bras réticents d’une amie, mon professeur d’anglais m’attrapa par le bras et me mit dans le bureau du principal. Après avoir convoqué la bande, ce harcèlement prit fin. […] N’ayez jamais peur de parler.”

Que faire ? Vers qui me tourner ? 

En parler

L’objectif numéro 1, c’est que ça s’arrête. Pour cela, il faut en parler pour trouver de l’aide et des solutions. Peut-être que les gens qui te harcèlent ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actes, et si personne ne le leur dit, ça ne va pas s’arranger tout seul. Parler du harcèlement, c’est agir pour faire cesser la violence que tu subis c’est aussi agir pour que d’autres élèves ou toi-même, ne soient pas victime une autre fois. 

Parfois, notamment lorsqu’on n’a pas encore fait son coming out, il est compliqué d’en parler à ses parents. Il y a toutefois d’autres pistes : 

  • Tu peux en parler à un·e adulte de ton  établissement en qui tu as confiance (un·e professeur·e, le/la CPE, l’assistant·e d’éducation, l’assistant·e de service social, l’infirmier·e, la direction, le/la psychologue scolaire…). Ils et elles sont là pour t’écouter, t’aider et trouver des solutions. Par exemple, convoquer les personnes qui te harcèlent une par une peut suffire à ce que le harcèlement cesse. Si ça ne suffit pas, il faudra que des sanctions disciplinaires soient prises en saisissant la direction de l’établissement.
  • Si tu n’oses pas le faire toi-même, tu peux demander de l’aide à un·e autre élève de la classe ou de l’établissement : il ou elle pourra en parler avec un·e adulte de l’établissement pour t’aider. 
  • Tu peux aussi contacter la ligne “Non au harcèlement” au 3020 (ouverte du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h, sauf les jours fériés) et te renseigner sur le site www.nonauharcelement.education.gouv.fr. Sache que si tu leur demandes une intervention dans ton établissement, tes parents seront mis au courant. 

La plupart du temps, cela suffira à faire cesser le harcèlement. Cela n’empêche pas de vouloir en plus obtenir justice et faire en sorte que les personnes qui t’ont harcelé·e soient condamné·e·s.   

Dépôt de plainte contre les auteur·e·s

Lorsque tu vas déposer plainte, il te faudra des preuves du harcèlement. Garde bien les SMS, e-mails, messages Whatsapp, etc. que tu pourrais avoir reçus. Si des personnes ont été témoins du harcèlement (professeur·e·s, camarades de classe) il faudra leur demander de témoigner en utilisant ce formulaire

Il faut te rendre à la police ou à la gendarmerie pour porter plainte. Tu seras reçu·e par un·e agent·e de police ou de gendarmerie qui t’écoutera et prendra ta plainte. Ce ne sont pas elles et eux qui vont t’aider psychologiquement. N’hésite pas à te tourner vers un·e psychologue pour t’aider à surmonter le harcèlement. 

Si tu es victime, tu peux porter plainte contre les personnes qui te harcèlent quel que soit leur âge. Tu peux déposer plainte jusqu’à 6 ans après les faits.

Qualification légale et circonstances aggravantes

Certaines formes de harcèlement sont plus graves et donc plus sévèrement punies (c’est ce qu’on appelle des circonstances aggravantes). 

  • harcèlement commis à raison de l’orientation sexuelle / harcèlement commis à raison de l’identité de genre : si tu subis du harcèlement parce que tu es LGBT+ 
  • si tu as moins de 15 ans,
  • si tu as une fragilité (comme une maladie ou un handicap) qui est visible ou connue,
  • si un médecin spécialisé (appelé médecin légiste) a constaté que tu avais subi des conséquences graves pendant de plus de 8 jours (on appelle ça une ITT pour Incapacité Totale de Travail),
  • si le harcèlement a été commis via internet.

Que risquent mes agresseurs ?  

Les peines varient selon le nombre de circonstances aggravantes : le tableau qui suit présente les peines maximales (pour plus de détails sur ces sanctions, voir la fiche Que risquent les personnes qui m’ont agressé·e ?).

Plainte contre le personnel éducatif

Si le personnel de l’établissement n’a pas réagi et a manqué à son devoir de te protéger, il est possible de demander une indemnisation (c’est-à-dire une somme d’argent).
Par contre, tant que tu es mineur·e , l’intervention de tes parents est indispensable pour saisir un tribunal civil, car tu ne peux pas saisir la justice tout·e seul·e.