Mes droits

Mes droits : les injures


Temps de lecture: 4 minutes
Illustration : Vaïnui de Castelbajac

Définition

Est une injure toute parole, tout écrit ou toute expression de la pensée qui est adressé à une personne dans le but de la blesser / l’offenser.

Plus simplement, une injure est le terme juridique pour parler de ce que l’on nomme « insulte » dans le langage courant. Même des termes banalisés et qui ne semblent “pas grave” en sont (comme connard, pute, baleine/vache, pédé, tarlouze, gouine, négro, bougnoule, chinetoque, erreur de la nature, cotorep, youpin, etc). C’est valable aussi si les mots sont écrits ou s’il s’agit d’autres façons d’insulter comme faire des bruits (imiter le singe ou le cochon par exemple), des mimes ou des dessins obscènes.

Vos témoignages

Extrait du témoignage d’Aure
Ce soir-là, nous avions une fête chez un ami en commun. On y est allé main dans la main sans se soucier des représailles ! C’est là que j’ai su qui étaient mes vrais amis… On a eu le droit à des insultes (les habituelles “brouteuse de gazon”, etc.), surtout que sexuellement rien ne s’était passé car on avait 14 ans toutes les deux. Cela m’a particulièrement attristée !

Extrait du témoignage de Camille 
Celui-ci ne se gênait pas pour, tous les jours, me servir sur un plateau d’argent les insultes et dégradations les plus multiples qui soient. Souvent revenaient des termes homophobes : “tapette, pédale, pédé” et toutes les injures de ce genre, mais aussi d’autres diverses et variées que je ne citerai pas. […] Il s’avéra effectivement, par la suite, que ses offenses étaient clairement homophobes, et qu’il ne balançait pas du pédé juste pour me dégrader. Ses mots étaient choisis.

Extrait du témoignage Brutalisée après avoir défendu un ami gay
Depuis ce jour il se faisait traiter de “pédé“, de “sale trav“, il se faisait bousculer… […] moi je criais à chaque fois que l’on racontait une “blague” de mauvais goût ou une rumeur à son égard. Puis ils se sont dit “tiens, elle défend un homosexuel, ça veut forcément dire qu’elle est lesbienne !” et à mon tour j’ai eu droit à diverses insultes grotesques telles que “sale gouinasse” ou “espèce de lesbienne, garçon manqué“.

Que faire et vers qui se tourner ?

Toute injure est une infraction : cela veut dire que n’importe quel auteur d’injure s’expose à des poursuites pouvant aller jusqu’à une amende et/ou une peine d’emprisonnement.

Pour cela, il faut porter plainte. Attention car il y a un délai maximum après lequel ce sera trop tard (on appelle cela le délai de prescription) : 

  • 3 mois pour la plupart des injures
  • 1 an si l’injure est sexiste, raciste, LGBTphobe ou handiphobe.

Qualification juridique

Les peines prévues pour les injures sont très différentes selon que l’injure est publique ou non-publique.

  • Une injure est publique si elle peut avoir été entendue ou lue par quelqu’un d’extérieur (sauf si toutes les personnes présentes se connaissent et qu’il n’y a pas d’inconnu·e·s autour).
    Des injures sur les réseaux sociaux peuvent aussi être qualifiées d’injure publique si elles peuvent être vues par n’importe quel utilisateur du réseau social.
    Ex : insultes publiées sur Facebook sur ton « mur » ou en commentaire d’une de tes publications ; insultes dans un tweet / une réponse / un retweet avec commentaire ; une insulte dans une story Snapchat ou Instagram ; etc.
  • Une injure est non-publique si elle est adressée par son auteur à sa victime sans que personne d’autre ne puisse la voir ou l’entendre.
    Ex : SMS, message privé sur Facebook / Twitter / Instagram / Snapchat, etc.

Circonstances aggravantes

Certaines formes d’injures sont plus graves et donc plus sévèrement punies (c’est ce qu’on appelle des circonstances aggravantes) :

  • injures commises à raison de l’orientation sexuelle / à raison de l’identité de genre,
  • si tu as moins de 15 ans,
  • si tu as une fragilité (comme une maladie ou un handicap) qui est visible ou connue,
  • si le harcèlement a été commis via internet.
  • si un médecin spécialisé (appelé médecin légiste) a constaté que tu avais subi des conséquences graves pendant de plus de 8 jours (on appelle ça une ITT pour Incapacité Totale de Travail),

Que risquent mes agresseurs/agresseuses ?

Les peines encourues dépendent du type d’injure, de l’âge de l’auteur·e, et de la présence – ou non de circonstances aggravantes.