Coming out / Questionnements

Une libération progressive


Temps de lecture: 6 minutes

Bonjour à tous, j’ai découvert C’est comme ça par hasard, lu de nombreux témoignages qui m’ont plutôt ému, et j’ai décidé de me lancer dans le mien.

Je m’appelle Brayan*, 16 ans, et j’ai ainsi découvert (ou du moins, pris conscience) il y a environ deux ans que j’avais une préférence pour les garçons. Arrivé en classe de quatrième dans un nouveau collège, un garçon m’intriguait et je n’arrivais pas à décrire la sensation que j’éprouvais, qui était vraiment nouvelle par rapport à toutes celles que j’avais ressenties auparavant. Je ne tardai pas à comprendre que cette sensation, c’était de l’attirance très forte comme je n’en avais jamais ressenti pour une fille. J’avoue avoir fait comme si de rien n’était pendant deux ans, étant donné que j’avais toujours ce garçon près des yeux. À la fin de la troisième, ce n’était pas le brevet qui me déprimait mais de savoir que la personne que j’avais appris à connaître et dont j’étais tombé amoureux n’irait pas dans le même lycée que moi, et je me souviens avoir été très affecté.

Je pense qu’au fond de moi, je sais ce que je suis depuis que je suis petit étant donné que mon cercle d’amis a toujours été principalement constitué de filles, même si j’ai toujours joué l’hétéro macho, et que l’épreuve « du vestiaire » était très difficile pour moi… Je n’osais même pas regarder les autres et j’avais l’impression d’être « un intrus » parmi tous les garçons de ma classe. La classe de seconde a été très épanouissante pour moi car même si je n’avais pas fait de coming out officiel de peur de la réaction des gens. Je savais que beaucoup de personnes de mon entourage (amical et familial) se doutaient de mon orientation sexuelle et les gens de ma classe s’entendaient en général très bien avec moi, même s’il reste toujours des immatures et des homophobes. Mais il y en aura malheureusement partout donc il faut s’y faire.

J’ai toujours écouté tout le monde, conseillé, et rassuré, et j’avais l’impression d’être seul au monde… Pour moi, cette découverte était vécue comme un « handicap » (même si le mot est très mal choisi, je le reconnais) au quotidien, et j’avais l’impression que mon bonheur serait toujours remis en question.

De plus, j’étais tombé amoureux d’un garçon cette année-là, Thomas. Malheureusement pour moi, c’était un amour impossible. Même si je montrais toujours le sourire à mes amis et que j’étais toujours celui qui faisait rigoler les autres, j’étais à cette période dans une grande souffrance et rien que le regarder me créait à la fois de l’attirance et de la tristesse, du bien et du mal. Il m’arrivait parfois de passer des soirées à pleurer, à imaginer mon futur et à imaginer ma vie si j’étais « une personne normale ». Cette année de seconde s’est terminée, et je redoutais de plus en plus les vacances, qui allaient sans doute me faire perdre contact avec Thomas, chose qui m’inquiétait énormément.

Aujourd’hui, je suis en première, après une année de seconde qui fut riche en rebondissements tant dans l’acceptation progressive de mon homosexualité que du côté de l’amour. Si cette année-ci n’a pas bien démarré, à cause de problèmes familiaux et du départ du lycée de ma meilleure amie, Julie — sans parler du manque de Thomas que je ne voyais plus —, elle est désormais très importante pour moi car c’est celle où ma vie a réellement commencé.

En effet, j’ai tout d’abord commencé par faire mon premier coming-out auprès de Julie qui a très bien réagi, et qui a su me donner confiance. Puis j’ai élargi la confidence, et ce sont désormais plusieurs amis (ainsi que leur parents) qui savent pour moi et m’acceptent tel que je suis. En effet, cette pratique est devenue de plus en plus banale pour moi, et je n’ai plus peur de dire qui je suis. Je pense que les premiers coming-out sont parfois très durs à faire — je me souviens avoir eu la boule au ventre au moment de la révélation auprès de ma meilleure amie (j’attendais sa réponse à mon message avec impatience, et les secondes étaient devenues interminables pour moi à ce moment précis !). Mais s’ils se passent bien, ils permettent alors de reprendre confiance pour les prochains qui n’en deviendront que plus « naturels ». Du côté de ma famille, ils ne sont pas encore au courant pour moi, hormis ma tante à qui je l’ai révélé très récemment. Celle-ci m’a d’ailleurs conseillé d’attendre le moment « que je sentirais le mieux » avant d’en parler à mes parents, mais a su me rassurer quant à leur réaction. Alors même si je me doute bien que celle-ci peut être réservée au début, il me faudra sans doute leur laisser le temps d’accepter la nouvelle, qui peut être dure à accepter sur le coup, afin de repartir sur de meilleures bases.

Le fait de pouvoir désormais être moi-même et « vivre comme je le désire », entouré de ceux qui m’aiment, me réjouit et m’a permis de me redonner confiance en l’avenir et de vivre le moment présent tel qu’il arrive. J’ai arrêté de passer ma vie à imaginer la réaction des autres, dont le regard me préoccupait. En effet, j’ai eu pendant très longtemps le problème que je pense bon nombre d’entre vous ont déjà rencontré : le fait de passer son temps à anticiper toutes les réactions. Je m’étais ainsi créé des barrières invisibles, et je m’obligeais à tout garder pour moi, car à ce moment-là je pensais que cacher la vérité préserverait mes proches, et donc moi par la même occasion. J’ai compris bien plus tard que je me refusais moi-même le bonheur, et que ça n’était pas normal. Par exemple, je n’osais pas parler de mon homosexualité à Damien, un autre garçon gay de ma classe par peur peut-être qu’il puisse croire qu’il m’intéressait alors que ce n’était pas du tout le cas, et que je n’étais de toute façon pas prêt à avoir une relation à ce moment-là. Finalement, je le lui ai annoncé lors d’une soirée, chose qu’il a très bien prise puisque nous sommes devenus très amis depuis.

Je commence aussi doucement à avoir mes premières expériences amoureuses, puisque j’ai rencontré Hugo, un garçon gay d’un autre lycée de ma ville. Nous sommes sortis ensemble quelques semaines, mais notre histoire s’est terminée pour diverses raisons, notamment la distance, car nous n’arrivions plus forcément à nous voir comme nous l’espérions. Nous sommes en revanche restés amis, et je pense que grâce à lui, mon avenir est plus serein à l’heure actuelle car il a su me redonner confiance en moi, confiance en l’avenir qui me faisait pourtant si peur il y a encore quelques mois. Je suis actuellement très proche d’un autre garçon, Kevin, et j’espère que notre relation pourra se transformer d’une amitié très proche en amour prochainement, car c’est vraiment une personne géniale, au grand cœur et peut-être également « mon idéal masculin » si je puis dire 🙂 J’aime cette nouvelle vie !

En ce qui me concerne, je n’ai jamais encore été tellement victime d’homophobie pour le moment, donc je ne connais pas encore ce que cela fait. Mais je sais que maintenant que je connais enfin le bonheur et que j’envisage un avenir plus serein, je saurai y faire face.

Enfin pour conclure, je voudrais te parler à toi qui es en train de me lire et qui est peut-être dans la même situation que je l’étais autrefois : relève-toi ! Il est important de savoir que l’homosexualité ne se soigne pas puisqu’elle n’est pas une maladie, et elle n’est pas un choix non plus. Ainsi je pense que même s’il est évident qu’on ne sera pas toujours accepté par tous, et que bon nombre de critiques ou d’incompréhensions rythmeront nos vies, il est important de vivre tel qu’on est avec ou sans cette différence. L’amour est la plus belle chose au monde, qui mérite d’être vécue par tous, et ce quelles que soient les attirances sexuelles. Alors aimez, tout simplement.

* les prénoms ont été modifiés.

Témoignage initial reçu en mai 2015, complété en mars 2016

Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.