Bonjour, je m’appelle Malo*, j’ai 15 ans, j’habite en Bretagne (près de Rennes) et je suis en seconde. Je vais vous raconter l’acceptation de mon homosexualité au fil des années (bien qu’elle ne soit pas totalement terminée puisque je n’ai pas encore fait mon coming out).
Sans vouloir faire cliché, mon enfance ne laissait aucun doute sur le fait que je suis gay. Petit, j’ai d’abord fait un an de danse classique puis une année de judo (sport un peu plus masculin). Un Noël, j’avais demandé une Barbie, prétextant que c’était le cheval qui allait avec que je voulais. Je jouais essentiellement à des jeux pour les filles et je me suis éloigné peu à peu de mes amis garçons en grandissant pour ne plus avoir que des amies en entrant au collège. Je pense que tout cela est dû à l’environnement où j’ai grandi. En effet, j’ai été entouré toute mon enfance de filles (mes sœurs, ma cousine) et je n’ai donc pas eu de personnalité masculine à laquelle m’identifier.
Pourtant, arrivé au collège, je n’avais aucune idée de mon homosexualité, et ne savait d’ailleurs même pas ce que cela voulait dire. On ne m’a jamais vraiment jugé gay excepté quelques remarques en quatrième ou troisième où j’ai moi même commencé à le réaliser. Je me suis alors renseigné et j’ai lu qu’à cet âge, on ne pouvait pas vraiment savoir. Ça m’a rassuré et je me répétais que je n’étais pas gay, que j’allais changer en grandissant. Je me suis aussi dit que si je me comportais un peu plus comme un garçon »normal ‘, ce détail de ma personnalité allait disparaître et que je serais enfin tranquille. Et puis, en troisième, j’ai commencé à ne plus refuser cette partie de moi. Mais j’ai vraiment commencé à m’assumer en seconde (cette année). Je lisais des fictions gay, des témoignages (comme ceux de C’est comme ça) et je me documentais sur le sujet.
Un soir, pendant les vacances, j’ai dit à ma cousine (une fille que je connais depuis ma naissance, avec qui je suis extrêmement proche et qui a seulement deux mois de plus que moi) que j’étais gay par SMS. Elle m’a d’abord rassuré et dit : « La seule chose que ça change, c’est qu’au lieu d’une fille, tu nous ramèneras un mec. » Elle m’a ensuite appelé et je lui ai dit ce que j’avais sur le cœur, mes craintes, l’épanouissement personnel que ça me procurait de m’être confié à elle.
C’est à partir de ce moment (je crois que ça fait plusieurs fois que je dis ça) que je me suis assumé un peu plus chaque jour. J’envisage aujourd’hui de le dire à mes sœurs, à une amie de ma cousine qui avait un peu craqué sur moi (même si elle a le coup de foudre facile) et à deux très bonnes amies que je connais depuis environ dix ans (et oui, il faut la mériter ma confiance). Récemment , j’ai aussi commencé à regarder les garçons autrement et à me dire dans ma tête : « Tiens, il est sexy celui là. »
Donc voila, mon coming out avance lentement mais sûrement et c’est pour moi la meilleure façon de traverser cette épreuve. Je me dis parfois que quand je ne cacherai plus mon homosexualité, des garçons (ou des filles) viendront se confier à moi, que je serai une sorte de confident pour les homosexuel-les de mon entourage.
Aujourd’hui, je n’échangerais ma vie contre une moins compliquée pour rien au monde !
J’espère que mon témoignage vous aura aidé dans l’acceptation de vous-même, tout mon soutien vous accompagne.
Témoignage reçu en janvier 2015
Le commentaire de C'est comme ça
Malo* pense qu'avoir des comportements de genre atypiques à l'enfance est révélateur des attirances que l'on aura plus tard. De la même façon, il suppose que grandir entouré de filles a une influence sur notre sexualité. L'équipe de C'est comme a une vision un peu différente des choses. Les enfances des personnes homosexuelles ne se ressemblent pas forcément, même si certains gays ou bis (mais pas tous, loin de là) ont été des pink boys quand ils étaient petits. Les questions de genre et d'orientation sexuelle sont liées pour partie, mais il faut se garder de faire des généralisations ou de mélanger systématiquement ces deux aspects de notre personnalité. Quant à expliquer pourquoi et comment on devient homo- ou bisexuel(le) ou transgenre, c'est peu de dire que la science n'a pas encore fourni une explication incontestable.
D'un autre côté, nous comprenons que Malo se soit donné des "explications" qui lui convenaient et qui l'ont aidé à s'accepter tranquillement. C'est sans doute le plus important.
* Le prénom a été modifié
Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.