Je m’appelle Kévin*, j’ai 18 ans, je suis originaire d’une petite ville des Deux-Sèvres (79) et je voulais vous faire part de mon histoire.
Quand j’étais petit, j’ai toujours eu une attirance pour les filles, je suis même sorti avec plusieurs d’entre elles, cependant au collège je me suis pris beaucoup de réflexions comme « connard » pour les plus gentilles, en passant par « batard », mais aussi « tapette », ou encore « pédé ». Je me suis beaucoup posé de questions pour savoir pourquoi j’étais « leur » victime, étant de nature discrète je me suis aussi demandé « qu’est-ce que je leur ai fait pour qu’ils me détestent à ce point ?! » et aussi « est ce que j’aime vraiment les garçons ? ». J’ai eu beaucoup de mal à accepter le fait d’être insulté gratuitement tous les jours. Un jour, j’en ai eu marre de cette situation et de peur d’en parler à ma famille j’ai craqué… j’ai fait une tentative de suicide que j’ai ratée. Et quelques semaines après étant encore plus désespéré de cette situation j’en ai fait une deuxième. Suite à ça, j’ai dû aller voir une psychologue, cela m’a beaucoup aidé, je pouvais enfin parler à quelqu’un que je ne connaissais pas mais avec qui je pouvais parler plus simplement.
Grâce à cela, j’ai pu finir mes années de collège et donc passer au lycée. Mais le lycée fut une grande étape dans ma vie puisque c’est là où je me suis vraiment considéré comme gay. En seconde j’avais une attirance pour un garçon qui était en première, je ne le lui ai jamais dit puisque dans les petites villes il est très compliqué de s’assumer pleinement. Je l’ai donc laissé filer. Sauf que l’année suivante, on s’est retrouvés dans la même classe puisqu’il s’était réorienté. J’ai donc pu me rapprocher de lui mais je lui ai toujours caché mon attirance jusqu’au bac où une semaine avant je lui ai tout avoué par SMS mais comme je m’y attendais je me suis pris un râteau.
La semaine suivante et voulant me vider l’esprit de tout ce qui me pesait sur la conscience avant le bac je me suis préparé à confier à ma mère mon homosexualité. Le samedi j’étais prêt à le lui dire et ce jour-là ma mère s’est violemment embrouillée avec ma sœur aînée. J’ai donc hésité à le lui dire mais je me suis lancé. On était que tous les deux à la maison. Je m’approche d’elle gentiment et je lui dis : « maman je peux te parler de quelque chose ?« . Sa réponse avec un regard noir : « Quoi ? » Je venais pour lui parler mais j’avais l’impression de lui avouer un meurtre… « J’aime les garçons. » Aucune réaction de sa part jusqu’au moment où elle s’est levée, a été chercher le linge sale et a préparé une tournée pour mettre en route la machine à laver. Attendant une réponse je lui ai dit : « Dis quelque chose« . Elle m’a répondu froidement : « Comment le sais-tu ?« . Je lui ai alors expliqué que j’avais eu quelques relations avec des copains. Elle s’est mise à pleurer sans continuer à m’adresser la parole, jusqu’à ce que je lui dise : « Ça fait un moment que je suis comme ça, je n’y peux rien et je ne vais pas me changer. Tu m’as toujours vu ainsi mais tu n’as rien vu. Je reste ton fils. » Après cette phrase qui n’a apporté aucun changement dans ses activités, je suis parti et j’ai appelé une cousine qui habitait pas loin pour qu’elle vienne me chercher.
Je suis content de le lui avoir dit mais je pense que le moment était mal choisi puisque la semaine suivant cette révélation c’était le bac, et qu’elle ne m’a pas adressé un seul mot de toute cette semaine, même pas un « comment s’est passé ton épreuve aujourd’hui ? ». J’aurai dû le lui dire plus tôt ou après.
Quant à mon père, je ne lui ai toujours rien dit. Il n’est au courant de rien. Mes parents étant séparés depuis quelques années déjà, cela m’est plus simple de ne rien lui dire. Et je ne sais pas comment lui en parler puisque quand il a su qu’un de mes amis était gay, il m’a regardé fermement et m’a dit : « J’espère que toi tu ne l’es pas« .
Donc je n’ai jamais eu le courage de le lui dire, de peur d’être rejeté ou de lui faire de la peine. Je n’aime pas faire souffrir les gens. Même si mon père et moi sommes assez distants, je ne veux pas le perdre complètement.
Mes amis quand je le leur ai dit, m’ont dit : « bah, on s’en doutait un peu mais on ne savait pas complètement« . Cependant mes amis les plus proches l’ont en général très bien pris, même si certains m’ont tourné le dos. J’ai ainsi pu voir lesquels étaient mes vrais amis.
* le prénom a été modifié.
Témoignage reçu en novembre 2015
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