Questionnements

Bie et heureuse


Temps de lecture: 3 minutes

Je suis bie, et je voulais témoigner que ce n’est pas toujours facile de le réaliser !

J’ai eu une petite amie quand j’étais plus jeune, et maintenant je suis avec un garçon. J’étais amoureuse de cette fille, tout comme je suis amoureuse de mon copain maintenant.

J’ai également eu des attirances pour plusieurs personnes, des garçons comme des filles.

Ça a l’air assez simple comme ça, mais en fait, ça ne l’est pas tant que ça ! Quand j’étais avec Marie (ce n’est pas son vrai prénom), je pensais que c’était juste ma meilleure amie. On se voyait tous les jours (on était voisines), on passait des heures ensemble, on dormait souvent l’une chez l’autre. Et puis bon, il faut bien l’avouer, souvent on se serrait dans nos bras, et on a même été jusqu’au stade des préliminaires. On ne peut pas dire que ce soit seulement une relation de « meilleure amie »… Et puis, on s’écrivait tout le temps, on pensait tout le temps l’une à l’autre, etc. Disons que je n’avais pas trop conscience à l’époque (j’avais 15 ans) de vivre simplement un amour homo ! Finalement, on s’est séparées petit à petit, parce qu’on s’aimait moins, ce sont des choses qui arrivent.

Bon, à l’époque personne ne savait trop ce qu’il en était entre nous, mais des gens nous considéraient comme homo. Mon frère se moquait de moi là-dessus, souvent, mais à mon avis il cherchait surtout à savoir ce qu’il en était par curiosité. Il est plutôt du genre à lutter pour l’égalité qu’à être homophobe. Il se moquait aussi de moi quand j’invitais un ami garçon à la maison. C’était sa période « ouh la menteuse, elle est amoureuse, nananère ! » Il y a d’autres moments qui ont été plus embêtants… Il faut voir qu’en plus d’être bie, j’ai des goûts un peu « masculins » sur certains trucs : j’aime le sport et j’en fais beaucoup, je joue aux jeux-vidéos, et je ne rentrais pas dans le moule « fille qui aime ce qui est rose et mignon » des filles de ma classe. Ça m’a valu pas mal d’insultes homophobes et de rejet de la part de gens de mon lycée (mais pas de tous, ouf !), que je ne comprenais pas. D’une part, je ne me considérai pas homo, vu que j’étais parfois attirée par des garçons. D’autre part, je ne comprenais pas ce que changeait le fait que je sois homo ou non…
Heureusement, ça s’est calmé petit à petit et arrêté après le lycée… de toute façon je choisis mes fréquentations. De plus, j’ai découvert, finalement, le mot « bisexualité ». Autant on nous parle un peu d’homosexualité dans les cours d’éducation sexuelle du collège, etc. (pour ma part c’était sans doute trop peu, je pense), autant on ne nous a pas parlé de bisexualité. Heureusement, j’ai fini par en entendre parler, grâce à la télé et à internet surtout. J’ai été contente d’apprendre que ça existait et que c’était normal d’être attirée à la fois par des filles et par des garçons.

Actuellement, je suis en couple avec un garçon merveilleux. Pas mal de gens dans mon entourage ne savent pas que je suis bie, mais c’est surtout par manque d’occasion de le leur dire, ça ne les choquerait je pense pas (j’ai des amis hétéros, homos et bis dans mon entourage proche). Si j’avais une copine, je serai ravie de la leur présenter.

Pour conclure, j’espère que mon histoire avec mon copain durera le plus longtemps possible. Si un jour, j’ai des enfants, la seule chose que j’espère pour eux et leur orientation sexuelle, c’est qu’ils trouvent quelqu’un qui les aime et qu’ils aiment. Après que ce soit un garçon ou une fille, un(e) trans ou un(e) non-trans, seul comptera l’amour et leur bonheur. Je suis, en tant que bie, assez bien placée pour me rendre compte qu’on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Parfois, les gens ne sont attirés que par le sexe opposé, parfois que par leur sexe, et parfois par les deux. C’est comme ça, et tant mieux pour la diversité !

Témoignage reçu en juin 2010

Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.