Bonjour,
Je m’appelle Karen* et cette histoire ne me concerne pas directement, mais plutôt ma meilleure amie.
Tout a commencé au collège, j’étais en quatrième et, à la rentrée, je vois arriver une fille plutôt renfermée sur elle-même, Leana. J’apprends vite qu’elle est homosexuelle à cause des rumeurs qui circulent et des insultes que j’entends dans les couloirs. On la traitait de « sale pute » et toutes sortes d’autres choses dans le même genre.
Un jour, je vois Leana toute seule dans un coin de la cour, en train de pleurer. Je m’approche d’elle et je remarque qu’elle est tendue en voyant arriver quelqu’un, car elle a peur qu’on la frappe. Tout ce que je fais alors, c’est m’asseoir à côté d’elle et la prendre dans mes bras pour la consoler. On passe toute la récréation comme ça, sans un mot, et j’essaie de la calmer comme je peux, ce qui fonctionne plutôt bien. Le lendemain, on refait la même chose et on continue comme ça toute la semaine. On a commencé à m’insulter aussi, on me disait des choses comme « si t’es amie avec elle, ça veut dire que t’es une pute aussi », j’étais pourtant bien intégrée dans mon collège. Enfin bref, j’ai coupé les ponts avec tou·te·s mes ami·e·s qui étaient homophobes, et j’ai développé une amitié très forte avec Leana. A tel point qu’elle a commencé à se livrer sur l’enfer qu’elle vivait au quotidien au collège, mais aussi dans sa famille qui considérait l’homosexualité comme quelque chose de mal, de sale. Je lui ai donné mon numéro pour qu’elle m’appelle au moindre problème, et un week-end elle m’appelle le soir vers 23h en pleurs, en me disant que sa famille l’a mise dehors et qu’elle ne sait pas quoi faire. Je lui ai dit de ne pas bouger, j’ai prévenu ma mère (à qui j’avais raconté les grandes lignes) et nous sommes allées la chercher devant chez elle. Leana est montée dans la voiture toujours en larmes, sans une seule affaire. Ma mère et moi sommes alors allées chercher quelques vêtements et ses affaires de cours, dans sa maison, bien que ses parents ne veuillent pas nous laisser entrer car nous venions en aide à « leur paria de fille ». Elle est restée deux mois chez nous, puis est partie chez des membres de sa famille. Tout se passait bien, sauf au collège où elle était toujours insultée. J’ai fait tout le nécessaire pour que cela cesse, jusqu’à prendre rendez-vous avec le directeur pour lui expliquer la situation, mais rien n’a changé. Leana est revenue vivre chez moi, et on passait tout notre temps ensemble.
Puis, un jour, à la fin de l’année, elle m’a avoué qu’elle avait développé des sentiments pour moi. Je ne me suis pas moquée, j’ai été très respectueuse, et lui ai dit que ce ne serait pas possible entre nous. Elle ne m’en a pas voulu du tout, car je ne me suis pas éloignée d’elle pour autant. Au contraire, j’ai renforcé mes efforts au collège et ça a fini par payer, les gens ont arrêté de se moquer d’elle. Nous sommes toujours amies aujourd’hui, et son homosexualité n’a rien changé pour moi, je ne suis pas restée avec elle par pitié ou quoi que ce soit, mais juste parce que c’est une fille géniale.
Tout ça pour dire que parfois il suffit d’un peu de soutien et une bonne dose d’amitié, et que l’homosexualité n’est pas un problème en soi.
Voilà ma petite histoire. Je sais que Leana ne m’en voudra pas de partager cette histoire, elle aussi se bat pour que tout le monde soit accepté tel qu’il est. Bon courage à toutes celles et ceux qui n’ont pas encore le soutien qu’ils et elles souhaiteraient.
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vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
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