Romans

Virginia et Vita

Christine Orban


Albin Michel, 2012

Temps de lecture: 2 minutes
Virginia et Vita - photo

Virginia est une autrice qui est actuellement dans une impasse : elle ne trouve pas de sujet d’inspiration pour son prochain livre. L’écriture est pourtant vitale pour elle, et malgré l’affection de son mari Léonard, le quotidien lui semble terne et brumeux. Le jour où elle reçoit une invitation de son amie et amante Vita, Virginia s’illumine toute entière. Cela fait plusieurs mois qu’elle ne l’a pas vue et elle serait ravie de la rejoindre pour un séjour au château familial de Knole. Elle s’empresse d’annoncer la nouvelle à Léonard, qui n’est pas dupe sur la nature des liens entre les deux femmes, mais préfère fermer les yeux.

Les retrouvailles entre les amoureuses sont chaleureuses et accompagnées de discussions animées, à propos du dernier voyage de Vita, mais aussi de l’écriture de Virginia. Virginia est fascinée par Vita qui est vive, prolifique en écrits et épanouie dans son mariage en couple libre. En rentrant chez elle, une idée lui vient : pourquoi ne pas faire une biographie de Vita ? Non pas sous forme classique, mais plutôt comme un roman à clefs, l’histoire d’un personnage immortel, qui traverserait les âges et aurait des amours féminines. Cependant, au fur et à mesure que le projet évolue, Virginia veut aller plus loin : Orlando, son héros, deviendra en cours de parcours une héroïne. Elle demande l’accord à Léonard pour ce projet qui, en révélant la liaison entre les deux femmes, pourrait être une épreuve pour lui, mais il ne s’y oppose pas ; l’écriture de Virginia et son équilibre psychique passent avant tout. Vita, elle aussi, se réjouit du projet et encourage Virginia.

Dans ce roman de fiction historique, Christine Orban met en parallèle l’évolution de la relation entre Virginia Woolf et Vita Sackville-West et l’écriture du roman Orlando de Woolf. Elle montre ainsi les difficultés que va rencontrer ce couple, du fait de la présence d’une ancienne amante de Vita qui séjournera dans son château, ou des sautes d’humeurs de Virginia qui l’obligent à lutter pour mener une vie normale. Mais surtout, Christine Orban montre à quel point le roman Orlando est un reflet de la relation entre les deux femmes, que ce soit dans les grandes joies ou les disputes.

On est vite plongé dans ce roman, où la narration se fait du point de vue de Virginia, on y découvre à la fois l’intimité des deux autrices, dans un style fluide, mais aussi l’univers interne de Woolf. Christine Orban a su utiliser la richesse des documents laissés par Virginia Woolf, son journal et ses lettres à son amante, pour faire revivre cette année. On s’attache vite aux personnes, avec parfois des revirements brusques, qui sont ceux de Woolf et de sa folie.