“Le ciel était d’un bleu royal, d’une grandeur calme“. Voilà comment débute ce livre placé sous le signe d’une poésie fulgurante. Les Mauvais anges est aussi un livre de jeunesse violent, cruel, tragique, qui célèbre jusqu’à la nausée les jeunes hommes beaux et forts. Éric Jourdan l’a écrit, paraît-il, quand il avait dix-sept ans, l’âge de ses deux héros. C’est vers cet âge qu’il faut le lire aussi, sans doute.
On n’est pas toujours la fête dans ce grand livre maudit des années 1950 (il a été censuré de 1956 à 1984). Mais il y a aussi ces pages sublimes de tendresse :
L’ombre envahit la chambre. J’en fus ébloui ; mille clartés pétillaient encore sous mes paupières un instant plus tard quand le losange de la fenêtre se découpa sous le ciseau de la lune. Gérard m’avait pris la tête dans ses mains et me baisait la joue avec une tendresse d’enfant maternel. Il m’avait adopté ; le bonheur m’endormit.“.
(fin du chapitre II)