Films

La Vie d’Adèle

Abdellatif Kechiche


France, 2013

Temps de lecture: 3 minutes
La Vie d'Adèle - photo 1

La Vie d’Adèle – Chapitres 1 & 2, dont le titre est directement emprunté à La Vie de Marianne de Marivaux, raconte l’histoire d’une adolescente du Nord de la France qui aspire à devenir enseignante. Au lycée, Adèle (Adèle Exarchopoulos) entame une relation avec Thomas (Jérémie Laheurte), un camarade de classe, mais se rend rapidement compte que quelque chose cloche. Elle se ment, ne parvient pas à aimer le jeune homme et finit par rompre avec lui. Plus tard, elle se rend dans un bar lesbien de Lille et rencontre une intrigante et troublante jeune fille aux cheveux bleus, Emma (Léa Seydoux), qu’elle a déjà remarquée dans la rue. Une passion torride éclot alors entre les deux jeunes femmes. Le spectateur va suivre leur histoire sur plusieurs années, de ses débuts sensuels et romantiques à sa bouleversante fin.

La vie d'Adèle (Adèle Exarchopoulos)

En trois heures denses et inégales, le film nous plonge tout d’abord dans l’intimité d’Adèle, s’attardant sur ses journées de cours, ses relations avec ses copines, sa sexualité et même ses repas et ses nuits, avant que l’action ne se focalise, à la fin de son premier tiers, sur le couple qu’elle forme avec Emma. Kechiche opte pour une mise en scène réaliste, filmant les visages et les corps de près (surtout celui de son actrice principale Adèle Exarchopoulos, fascinante : une révélation). Il n’hésite pas à faire durer les scènes afin de capter pleinement une atmosphère, de s’attarder sur un dialogue secondaire ouvrant sur des réflexions qui lui sont chères (notamment sur l’art), saisissant un regard, un geste. Il en résulte parfois de l’ennui, il ne faut pas s’en cacher. Mais cette longue plongée dans la vie d’Adèle offre des moments magnifiques, des passages d’une rare intensité où ses deux actrices donnent tout, jusque dans des scènes sexuelles très crues et très fortes (le film est interdit aux moins de 12 ans).

En tout cas, s’il est un film qui aura fait parler de lui en 2013, c’est bien La Vie d’Adèle. Au départ alléchant projet d’adaptation d’une bande dessinée parue chez Glénat (Le Bleu est une couleur chaude) par l’un des réalisateurs français vivants les plus respectés, le film d’Abdellatif Kechiche est devenu un phénomène à la fois artistique, bien sûr, mais aussi médiatique. Sélectionné au festival de Cannes, cette œuvre qui narre l’histoire d’un amour lesbien reçoit une Palme d’Or au moment même où la France adopte la loi ouvrant le mariage aux personnes du même sexe. S’ensuivront deux polémiques sur les conditions de tournage (une provenant de l’équipe technique, une des actrices) que la presse n’aura de cesse de commenter.

Reste une œuvre longue, dense, riche, une création unique, imparfaite mais obsédante. La Vie d’Adèle n’est pas un film dont on sort indemne. Qu’il vous bouleverse ou vous agace, gageons que vous ne l’oublierez jamais.

La Vie d’Adèle