Je tiens bon

Les stéréotypes et préjugés sur les LGBT+


Temps de lecture: 13 minutes
Et quelques réponses possibles pour les déconstruire !
Crédit : Rawpixel / Pixabay

Les LGBT+… Ces personnes sur lesquelles d’autres ont “un avis”, et n’hésitent pas à en faire part… Ces personnes que d’autres ont du mal à voir autrement que comme des gens “étranges”, et qui se retrouvent parfois considérées comme des objets de curiosité, voire de peur, et souvent sujets d’idées bien arrêtées !

Les personnes LGBT+, tout au long de leur vie, se retrouvent confrontées à des remarques, à des questions, à des idées reçues, plus ou moins sympathiques, mais qui ont le mérite d’ouvrir le débat ! Voyons ici les plus courantes… et ce qu’on peut y répondre !

Les remarques “de base”

« C’est quand même pas normal ! »

Ah oui ? Et qu’est-ce que c’est être “normal” ? Les LGBT+ ont toujours existé et existeront toujours, dans toutes les strates de toutes les sociétés, des tribus jusqu’aux États, et dans tous les milieux. Leur proportion est toujours à peu près la même selon les études menées dans différents pays. Certain.e.s personnes considèrent qu’être “normal.e”, c’est être hétérosexuel.le et cisgenre. Pour elles, les personnes LGBT+ ne sont pas “normales”. Disons plutôt qu’elles ne sont pas “dans la norme” et c’est ce qu’on appelle la diversité ! N’oublions pas une chose : chaque individu est différent de tous les autres, y compris les individus “dans la norme”. On peut dire que “la norme”, c’est “le nombre”. Les personnes qui se disent « normales » ne sont donc pas mieux ou moins bien que les autres, elles sont juste plus nombreuses.

« Deux filles ensemble, c’est moins bizarre que deux garçons ! »

Pourquoi ça ? Parce que les filles doivent être plus douces, elles sont donc facilement plus proches ? Alors elles peuvent se tenir la main dans la rue, et passer juste pour « des copines » ? Et parce que les garçons sont des brutes, ils doivent rester « forts » et n’avoir entre eux pour tout contact que des tapes sur l’épaule ? Tout ça n’est qu’un point de vue basé sur le sexisme, pas une vérité.
Deux femmes ensemble, deux hommes ensemble, sont d’aussi beaux couples que tous les autres, car toutes les amours se valent.

« Les lesbiennes sont forcément masculines » , « les gays sont tous efféminés » ,
« on reconnaît bien les LGBT », etc.

Stéréotypes : les lesbiennes ne sont pas du tout féminines

Dans le monde, il y a tous types de physiques et tous types de comportements. Et il n’y a aucun moyen de voir, par l’apparence, qui est qui ou quoi. Il y a des garçons perçus comme “virils” qui sont homosexuels, des filles dites “féminines” qui sont lesbiennes, des garçons “maniérés” ou “efféminés” qui sont hétérosexuels, des  filles “masculines” que certain.e.s appellent encore “garçons manqués” qui sont hétérosexuelles, des personnes androgynes qui sont bien dans leur genre, et des hommes ou des femmes identifié.e.s comme tel.le.s et qui souhaitent faire une transition… Et le contraire de tout ça peut être vrai aussi ! En fait, le comportement ne fait pas l’identité et l’habit ne fait pas le genre.
Disons-nous aussi que tout cela varie selon la culture et les époques ! En France, au 17ème siècle, par exemple, les hommes virils et guerriers portaient talons, bas, dentelles, perruque et maquillage. Cela varie même au cours d’une journée : on ne se comporte pas toujours de la même façon, au travail, en famille, en soirée, entre ami.e.s… Tout ceci est question de perception et de contexte (c’est ce qu’on appelle les stéréotypes de genre).
Et puis enfin : si on perçoit quelqu’un.e comme étant une personne LGBT+ et qu’on a raison… qu’est-ce que ça change ? Rien.

« C’est une question d’éducation ! »

Si on parle du “conditionnement” des enfants, disons-nous bien que non (attention, clichés !) : un petit garçon qui joue à la poupée ou qui fait de la danse ne sera pas forcément homosexuel ou trans, on n’est pas non plus obligé de l’habiller en bleu pour qu’il soit “un homme, un vrai” plus tard ; et une petite fille qui joue au foot et qui aime bien bricoler ne sera pas forcément lesbienne ou trans, et on n’est pas non plus obligé.e.s de l’habiller en robe rose avec des couettes pour montrer à tout le monde que oui, c’est bien une fille. Ce sont juste des enfants, ils/elles se poseront les questions et se découvriront eux/elles-mêmes plus tard !

Ce n’est pas non plus parce que “la mère est trop présente” ou parce qu’il y a eu “trop de laxisme”, ou “un manque d’autorité”, ou autre chose… Le fait d’être LGBT+ n’est aucunement une “faute”, alors il n’y a pas à chercher de coupable pour comprendre ou expliquer.

“Comment devient-on LGBT+ ?”

On ne “devient” pas LGBT+. On se découvre, on s’accepte, on s’affirme. On évolue… mais on ne devient pas, tout à coup, LGBT+.

“Peut-on redevenir normal.e ?”

La normalité n’existe pas ! Être LGBT+ n’est pas moins normal que d’être hétéro cisgenre. Et comme on ne devient pas hétéro, lesbienne, gay, bi.e, trans, on ne “redevient” pas autre chose ! Et puis pourquoi d’abord ?!
D’ailleurs, il y a des gens qui ont essayé à travers ce que l’on appelle les thérapies de conversion, et… c’est prouvé, non seulement ça ne marche pas, mais ça peut aussi avoir de forts effets négatifs sur celles et ceux qui y sont soumis.es.

“Tu as choisi d’être comme ça, tu as choisi cette vie-là !”

Non. Ce n’est pas un choix. On ne choisit pas d’être hétéro cisgenre, alors on ne choisit pas d’être lesbienne, gay, bi.e ou trans. On ne choisit pas “cette vie-là”.
Par contre, on peut choisir de vivre sans se cacher, de ne pas en faire un secret, ou au contraire de garder pour soi cette partie de nous et de ne pas la partager avec certaines personnes parmi sa famille ou ses collègues par exemple, parce qu’on sait que ça ne nous apportera rien de bien.

“Tu ne peux pas savoir, tu n’as pas encore essayé !”

Nous ne sommes pas des épinards, pas besoin de goûter pour savoir ce que l’on aime ! On peut savoir qui on est et par qui on est attiré.e bien avant d’avoir eu sa première expérience sexuelle…
L’autre variante de cette remarque est “Oui, mais si tu préfères les filles, c’est parce que tu n’as pas trouvé le bon garçon” voire “parce que tu as peur des garçons” ou “si tu préfères les garçons, c’est parce que tu as peur des filles / tu n’as pas trouvé LA fille“… Eh bien non, c’est parce que c’est ce que je ressens vraiment, et il n’y a pas d’explication à ça, c’est une histoire de ressenti ! Les attirances, les émotions, les sentiments, ne se commandent pas, et on n’est pas lesbienne, gay ou bi.e “en attendant” d’être hétéro quand le moment sera venu.

“C’est à la mode, il y en a de plus en plus !”

Comme ça n’est pas une question de choix, ce n’est pas non plus une question de “mode”. Il est seulement moins difficile d’assumer une vie LGBT+ aujourd’hui en France qu’il y a quelques années, alors la visibilité est plus grande… Pas suffisamment encore, mais on respire un peu mieux !

“Il n’y en a que dans les grandes villes comme Paris.”

Stéréotypes : il n'y a pas de gays à la campagne

Non. Les personnes LGBT+ peuvent s’assumer plus facilement dans les grandes villes, parce qu’elles sont plus nombreuses et y trouvent des endroits pour se réunir, mais il leur est possible d’exister partout. Les statistiques du rapport annuel de SOS homophobie le prouvent.

“La Gay Pride, ce ne sont que des grandes folles à moitié nues sur des chars qui dansent sur de la musique techno avec une plume dans le… !”

Cette remarque est à la fois exagérée et réductrice (et déplacée) ! Le côté festif est présent, évidemment à la Marche des Fiertés : il y a de la musique, de la danse, des plumes, des paillettes, de la vie, de la joie. Mais il y a aussi des discours politiques et des associations militantes. Il n’y a pas que “des grandes folles“, mais il y a des lesbiennes, des gays, des bi.e.s, des trans, des hétéros, des familles, des concerné.e.s, des curieux.ses, des allié.e.s… Tout le monde peut y participer. C’est aussi un hommage aux premières manifestations et aux avancées des droits LGBT+, ici et dans le monde. C’est aussi l’occasion de se sentir libres, compris.es, entouré.e.s, soutenu.e.s, reconnu.e.s, et de discuter, et de rencontrer des gens de tous horizons réunis dans un même élan.

“Les bi-e-s ne sont pas fidèles”

Ce n’est pas parce qu’on peut être attiré.e ou tomber amoureux/se à la fois de femmes et d’hommes qu’on est particulièrement insatiable ou qu’on veut tout à la fois. Ce serait comme dire qu’on est frustré.e de vivre avec un.e blond.e parce qu’on aime aussi les brun.e.s. Eh bien non, comme le dit l’adage “choisir, c’est renoncer”, être en couple c’est se sentir bien avec quelqu’un.e qui regroupe beaucoup de qualités que l’on cherche, mais qui ne les aura probablement pas toutes.

Par ailleurs il est possible d’être volage ou adepte du polyamour qu’on soit homo, hétéro ou bi.e, ce n’est pas dépendant de l’orientation. L’essentiel c’est d’être raccord avec son/sa partenaire pour que personne n’en souffre.  

Les grandes questions de société…

(Non, l’apocalypse n’est pas encore pour demain !)

Il n’y a pas que des questions portant sur les individus… il y a aussi des peurs qui concernent la société toute entière ! Voyons plutôt.

“C’est contre-nature !”

Mais ?! Qui décide ce qui est pro-nature et ce qui est contre-nature ? D’un point de vue purement pratique : la nature est faite de sorte que toutes les sexualités sont possibles. Cette diversité existe bel et bien partout “dans la nature” sauf que, parmi tous les animaux, il n’y a qu’à certain.e.s humain.e.s que ça pose problème ou question. A regarder pour rire un peu sur la question : “Les animaux gay“, un épisode de Tu mourras moins bête sur Arte.

“S’il n’y a plus que des homosexuel.le.s, l’humanité va disparaître !”

Oui, et le monde va s’écrouler, et le ciel va nous tomber sur la tête, et les sept plaies d’Égypte vont s’ouvrir à nouveau, et on va tou.te.s mourir, ça va être atroce ! 
Non, ne nous inquiétons pas. 🙂 On l’a vu, les LGBT+ ont toujours existé, et l’humanité n’a toujours pas disparu. Tout va bien, on peut se détendre. Quant à ceux et celles qui pensent qu’il pourrait y avoir un monde où il n’y aurait plus que des homosexuel.le.s, ils/elles ont là un drôle de fantasme !

“La colère de Dieu va s’abattre sur la France…”

C’est une phrase qui a vraiment été dite en pleine manifestation contre le mariage pour tous, en 2013. L’occasion pour nous de parler croyances et religions : les religions sont toutes plus ou moins réticentes face aux questions LGBT+, pourtant il existe des LGBT+ de toutes les confessions religieuses. Et on peut espérer que peu à peu, les religions, avec les lois et les mentalités, évoluent…
Mais retenons une chose : si la bêtise des humain.e.s s’est souvent abattue sur d’autres humain.e.s, personne n’a pu prouver que la colère de Dieu s’était abattue quelque part un jour.
En outre, la France étant un pays laïque, toute croyance et toute religion ont leur place dans notre société mais restent quelque chose de personnel et n’ont pas à intervenir dans la vie sociale.

“Une famille, c’est : un papa, une maman et des enfants !”

D’où je viens chez Bayard

Oui… Ou une maman, une maman, et des enfants ; ou un papa, un papa, et des enfants ; ou une maman et des enfants ; ou un papa et des enfants ; ou un homme et une femme sans enfants ; ou une femme et une femme sans enfants ; ou un homme et un homme sans enfants…
En fait, une famille : ce sont des gens qui s’aiment d’amour et qui font un bout de chemin – voire tout le chemin – ensemble. C’est ça, une famille.

“Tu ne pourras jamais avoir d’enfants !”

Comme vous pourrez le lire dans notre dossier “être LGBT et parent”, si si, c’est possible ! L’adoption pour les couples homosexuels est légale depuis que le mariage a été ouvert aux couples de personnes de même sexe, en 2013. 
La Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes est autorisée dans certains pays étrangers, en Belgique par exemple. En France, c’est pour bientôt…

“Mais les enfants de couples homosexuels n’ont aucun repère féminin ou masculin !”

Alors, si : les couples de femmes qui ont des enfants ont aussi des pères, des frères, des tontons, des grands-pères, des amis ; et les couples d’hommes qui ont des enfants ont aussi des mères, des sœurs, des taties, des grands-mères, des amies ! Et les enfants eux-mêmes auront des amies et des amis !
Les repères “féminins” ET “masculins” sont multiples dans toutes les familles et dans tous les entourages !

“Tous les enfants de familles homoparentales seront homosexuels !”

Ah non ! Comme les enfants de couples hétérosexuels ne sont pas tou.te.s hétérosexuel.le.s !

“Les LGBT exagèrent et se victimisent, il n’y a plus de LGBTphobies de nos jours”

On aimerait bien ! Même si la société, la loi et les images dans les médias ont beaucoup évolué ces 20 dernières années, il reste malheureusement beaucoup de comportements discriminatoires et d’actes violents à l’égard de celles et ceux qui ne rentrent pas dans les “normes”. Si vous souhaitez en avoir le cœur net, nous vous invitons à lire le Rapport sur l’homophobie que publie SOS homophobie chaque année. 

Les indiscrétions, les questions intimes

Bizarrement, quand on entend “hétérosexuel.le”, l’attention se porte sur “hétéro” ; mais quand on entend “homosexuel.le”, c’est “sexuel” qui retient l’oreille, et on sous-entend rapidement “sexualité débridée, infidélité”… Alors les questions ou les remarques peuvent affluer.

“Mais qui fait l’homme et qui fait la femme ?”

Eh bien c’est très simple : dans un couple de femmes, comme dans un couple d’hommes, personne n’a à “faire” l’autre genre, ni dans la vie, ni dans le lit, ni ailleurs. Les couples homosexuels n’ont pas à imiter les couples hétérosexuels, ils sont comme ils sont et c’est tout !
Et si la question concerne plus précisément la sexualité, et en particulier le rapport anal… il peut se pratiquer dans une relation hétérosexuelle, comme il peut ne pas se pratiquer dans une relation homosexuelle. Quoi qu’il en soit, ce qui se passe dans l’intimité de chacun.e ne regarde personne !

“La sexualité homo, c’est dégueulasse!”

Pas plus ni moins que la sexualité hétéro, en fait ! Les pratiques sont très variées, et ne dépendent pas de l’orientation sexuelle des gens qui s’envoient en l’air. Que ce soit chez les LGBT+ ou chez les hétéros cisgenres, il y a des asexuel.le.s, des libertin.e.s, des obsédé.e.s, des prudes, des coquin.e.s…

“Vous allez attraper le Sida !”

En effet, la maladie existe, et l’épidémie dans les années 80-90 s’est fortement répandue dans le milieu gay. Cependant, nous savons aujourd’hui comment nous en protéger, comme des autres IST d’ailleurs, et les LGBT+ sont autant exposé.e.s que les hétéros. Tout le monde doit faire attention !

“Les hommes gays sont attirés par tous les hommes, les femmes lesbiennes sont attirées par toute les femmes, et les bi.e.s sont attiré.e.s par tout le monde !”

Eh non ! Tout comme un homme hétéro n’est pas attiré par toutes les femmes et une femme hétéro n’est pas attirée par tous les hommes !
Cette idée vient peut-être du fait que lors d’un coming out, on peut être tenté.e de dire “j’aime les hommes” ou “j’aime les femmes”. On devrait peut-être plutôt dire “je peux être attiré.e et aimer certains hommes / certaines femmes”, mais c’est plus long et moins percutant. 😉 Les personnes LGBT+ sont comme tout le monde, elles font des rencontres, sont attirées et/ou tombent amoureuses, et vivent leur vie…

En fait on est tou.te.s pareil.le.s. Et on est tou.te.s différent.e.s.

On est juste comme ça !

La plupart des photos de cet articles sont issues du calendrier 2020 de SOS homophobie : “CLICHÉS, laissons parler les p’tits papiers !”