J’ai 16 ans et je suis lesbienne. Il y a quelque mois, j’ai eu ma rentrée au lycée début septembre, et j’ai flashé sur une fille que je ne connaissais pas. L’avoir vue a suffi pour que je sache que je voulais être avec elle. J’étais plutôt timide mais elle m’a beaucoup plu, donc j’étais impatiente de faire sa connaissance, jusqu’au jour où c’est arrivé : un jour de sortie. J’étais heureuse mais je me demandais si elle aimait les filles aussi…
Je me suis pris énormément la tête pendant des semaines, mais je n’arrivais pas vraiment à savoir. Alors j’ai pris le risque de lui montrer l’amour que je lui portais en effleurant sa main, etc. Jusqu’au jour où elle a pris mon numéro. Après, elle m’envoyait des messages matin midi et soir, donc cela m’encourageait. Elle me disait aimer quelqu’un mais ne voulait pas me dire qui. Elle gardait le secret – ce qui me rendait assez folle d’ailleurs. Je voulais tellement savoir que je lui ai confié que j’étais lesbienne. Après, elle ne me disait toujours rien. J’ai fini par craquer et je me rappelle lui avoir dit : “Tu attends quoi de moi ? Que je te dise que je t’aime ?” Et c’est là où il y a la grande surprise et qu’elle répond : “Oui, je veux que tu le dises“. Cela m’a plutôt choqué mais j’avais les larmes aux yeux tellement j’étais heureuse !C’était la première fille pour qui j’avais autant de passion. Après qu’elle m’a dit ça, je voulais sans cesse l’embrasser mais je n’osais pas. J’ai fini par y arriver et nous somme enfin ensemble ! Ma copine ne voulait pas s’afficher au lycée au début mais on a fini par se montrer, car elle n’habite pas dans la même ville que moi et on ne se voit que là.
Mon coming out
Ensuite j’ai fait mon coming out à ma mère. Ça a été très dur car je n’ai pas osé lui dire en face. Un jour j’étais très mal car j’en pouvais plus de cacher ma nature et l’amour pour ma copine. Ma mère m’a demandé à plusieurs reprises ce qui se passait : “Qu’est-ce qu’il y a ? C’est à cause d’un garçon ?” et j’ai eu le courage de dire “Non ce n’est pas à cause d’un garçon mais le sujet est l’amour”. Elle est restée sans voix pendant quelques minutes puis m’a dit “Ce n’est pas une fille ? Tu as retourné ta veste ?” J’ai répondu : “Peut-être que c’est une fille, qui sait ?” et je suis partie dans ma chambre direction Facebook pour lui exprimer ce que je pensais : que j’aimais une fille, que je ne voulais pas qu’elle me prive de la voir car je l’aime plus que tout, que je ne voulais pas qu’elle me juge, etc.Sur le coup, elle ne m’a pas parlé donc je lui ai dit : “Je sors ! Tu as un message sur Facebook ! Ciao, à tout à l’heure !“. Je suis sortie avec une amie et peu de temps après je suis repassée chercher quelque chose. Là, j’ai lu ce qu’elle avait répondu : “Je ne peux rien changer : tu es comme tu es même si j’aurais préféré autre chose pour toi. J’ai peur de la réaction de ton père et de ta soeur.” Ma soeur le savait déjà. Sur le coup ma mère l’a bien pris, mais j’ai su après qu’elle avait pleuré et que ça l’avait blessée. Mais elle l’a dit à mon père.
Il est venu me voir et m’a dit : “tu as quelque chose à me dire ma fille ?” (avec un grand sourire). Sur le coup, je n’étais pas au courant qu’elle lui en avait parlé car elle avait dit qu’elle ne voulait pas qu’il le sache. Donc j’ai répondu “ non” et je suis allée voir ma mère, qui me dit : “oui je lui ai dit“. Je suis restée sans voix. Je suis allée le voir et lui ai dit : “oui, finalement, j’ai un truc mais tu le sais déjà.” Il me répond : “Écoute, tu n’es pas malade, tu n’es pas enceinte, tu ne vas pas mourir, tu es heureuse alors ça va !“Étant donné qu’ils avaient déjà commencé à laisser ma copine dormir à la maison alors qu’ils ne le savaient pas, ils ont laissé faire : “bah, elle peut toujours“. Ma copine l’a dit quelque temps après. Sa mère l’a bien pris, mais son père c’est autre chose : je ne peux plus aller chez elle pour le moment. Cela fait déjà un mois que je ne peux pas, c’est super dur. Car voir sa famille me manque et tout, donc voilà. Je pense que chaque famille a une réaction différente. Elle et moi, nous avons eu une situation différente et inverse.
Ensuite il y a le lycée
Aujourd’hui nous sommes sorties dans la cour, car pour une fois il ne faisait pas trop froid. Mais nous nous sommes à peine prises dans les bras que des filles en face ont criés : “Ahhh ! Ahhh !” Elles nous regardaient comme si nous étions différentes. Ceux de ma classe étaient avec nous et nous ont répété sans cesse de ne pas faire attention car nous étions mignonnes. Cela nous fait du bien d’ailleurs : ils/elles regardent ces filles de travers et nous soutiennent. Au lycée, nous sommes jugées, et plein de regards mauvais s’abattent sur nous. Mais nous restons indifférentes. C’est blessant mais nous ne pouvons pas changer la mentalité des personnes. Nous sommes comme nous sommes et je suis prête à affronter tous les regards pour vivre l’amour que j’ai avec ma copine.
Témoignage reçu en janvier 2011
Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.