Aimer, tout simplement


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Moi c’est Sophie* et j’ai 17 ans. Je me suis découverte lesbienne à l’âge de 11 ans et au fond, je sens que je suis née comme ça, que j’ai toujours préféré les filles aux garçons. Cela explique peut-être pourquoi, étant petite, j’étais amoureuse de la belle au bois dormant et non pas du prince !

Toujours est-il que c’est à 11 ans que j’ai eu ma première petite amie. Tout s’est fait naturellement entre nous : nous discutions, elle m’a embrassée, je l’ai embrassée, et nous sommes restées ensemble pendant deux ans jusqu’à ce qu’un tragique accident nous sépare. Pendant ces deux ans nous avons dû subir de nombreux regards désobligeants, de nombreuses insultes et même quelques coups. Nous nous sommes toujours défendues, et même si parfois il était difficile de ne pas craquer, notre amour nous apportait bien plus de bonheur que de malheur dû aux comportements homophobes de certaines personnes.

Après cela je suis sortie avec un garçon. Pourquoi ? Je me suis dit que je ne pouvais pas me dire 100% homosexuelle sans avoir essayé “l’autre côté du rivage” et certaines personnes de mon entourage me disaient la même chose. J’aurais mieux fait de ne pas essayer ! Je n’étais pas moi-même avec lui, il me manquait quelque chose.

Ensuite, j’ai eu plusieurs petites amies et à chaque fois il fallait endurer les regards, les insultes, les chuchotements des gens derrière notre dos… Ce sont des choses qui blessent, mais il faut se dire que nous ne faisons rien de mal, nous aimons ! Tout simplement comme tout autre être humain.

Très récemment, j’ai décidé de faire mon grand coming out devant tout le lycée. Je ne supportais plus les rumeurs sans réponse à mon sujet. J’ai donc préféré m’exposer au grand jour plutôt que de m’enfoncer encore plus dans le “placard”.

Je ne sais pas si c’est du courage, juste un moment de folie, je suppose ! Sur le coup, je n’ai pas réalisé ce que j’avais fait et je me sentais mal. Je pensais que les insultes allaient fuser et les regards méprisants aussi, mais non. Je ne regrette rien du tout. Personne ne s’attendait à ce que je le fasse : ceux qui comméraient sur moi ont été surpris et ça a fait cesser les ragots. Je dirais que ça a été une libération.

Je pense que les homophobes se servent de notre peur et de notre “honte” (qui n’a pas lieu d’être) pour nous attaquer. Alors s’il n’y a plus de honte et de peur, ils n’ont plus rien pour nous attaquer, et désolée de l’expression, ils se sentent “cons”. Un exemple tout simple : souvent lorsque l’on dit à des gens que l’on est homosexuel-le, la réponse est “Ah ! Tu es homo ?!“. Il faut alors je pense en être fier et rétorquer “Oui, et alors ?“. Assumer est pour moi le seul moyen de s’en sortir.
Je voulais juste dire à tous ceux qui se sentent seuls qu’ils sont loin de l’être ! Nous devons être fiers de ce que nous sommes et nous battre pour que nous puissions vivre tels que nous le voulons !

Pour finir, je tiens à vous dire que certains propos me révoltent et que je compte, dès ma majorité, intégrer une association d’aide aux personnes LGBTQ afin d’apporter mon soutien et d’agir concrètement pour cette cause qui me tient à cœur.

* le prénom a été modifié

Témoignage reçu en octobre 2013

Pour témoigner sur le site de C'est comme ça,
vous pouvez écrire à l'adresse cestcommeca@sos-homophobie.org
Attention à bien lire la charte des témoignages avant de nous écrire.