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Jena, 16 ans en 1994


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Jena, 16 ans en 1994 - photo

Peux-tu nous décrire l’ado que tu étais en 1994 ?

J’étais discrète et repliée sur moi-même. J’avais un petit groupe d’amies soudé qui m’a permis de mettre des mots pour la première fois sur mon identité : j’étais bien dans ce groupe de filles parce que je m’identifiais à elles.

A quel moment as-tu fait ton coming out ?

J’ai fait mon coming out bi vers 18/20 ans. Mon cercle proche a peu réagi, ce qui était très bien. Mes soeurs et certain-e-s de mes ami-e-s ont été là pour moi. Mais d’autres pas du tout, par exemple mes camarades se moquaient de moi car j’avais un look très queer.

J’ai assumé ma transidentité bien plus tard, lorsque j’ai rencontré d’autres personnes trans qui m’ont rassurée, j’avais 34 ans. Cette révélation a aussi fait un tri dans l’entourage. Les personnes qui restent sont des soutiens indéfectibles, il faut les garder et les chérir. Mes amoureux et amoureuses ont été précieux-ses et vitaux-les pour affronter les différentes étapes de ma transition.

Penses-tu que tu l’aurais fait plus tôt si tu étais née plus tard ?

Indéniablement ! J’avais tellement l’impression d’être seule au monde avec mes questions. C’est l’accès aux bonnes informations, puis aux bonnes personnes, qui m’a permis de mettre les mots sur ce que je vivais, de pouvoir m’affirmer trans, bisexuelle et polyamoureuse.

Qu’est-ce qui te semble avoir changé pour les ados entre 1994 et aujourd’hui ?

La visibilité, particulièrement ces dernières années où le nombre d’artistes qui ont fait leur coming out a explosé. De plus, la somme d’informations sur ces sujets permet des discussions bien plus éclairées qu’à l’époque.

Est-ce que tu as en tête des personnalités/célébrités à qui tu pouvais t’identifier à cette époque?

J’aimerais pouvoir citer Freddy Mercury ou David Bowie, mais leurs personnalités étaient tellement particulières pour l’ado que j’étais, que je ne m’identifiais pas à eux. Wendy Carlos, compositrice d’Orange Mécanique, était la seule femme trans que je connaissais, qui n’était pas une caricature et me faisait rêver.

Lorsque tu as découvert que tu étais LGBT, vers quelles ressources t’es-tu tournée ?

J’ai découvert un peu par hasard qu’il existait des associations LGBT. J’avais rencontré quelqu’un dans une réunion politique qui m’a emmené dans son association. Ça a été mon premier pas.

Est-ce qu’il y a des séries, films ou livres LGBT qui t’ont marqué quand tu étais ado ?

Elles étaient source de moqueries, mais un couple de lesbiennes était présent dans Friends, ce qui pour l’époque était révolutionnaire ! Sinon, toutes les œuvres dont je me souvienne de cette époque finissaient mal pour les personnes LGBT. C’était assez dur, car cela incitait à réprimer tout profondément.

Aurais-tu un conseil à donner aux ados de 2019 ?

Lisez, communiquez, soutenez-vous entre vous, et si vous en avez la possibilité et la force, soyez visibles ! C’est vous qui allez changer le monde pour les LGBT de demain.