Quelle athlète ! Spécialiste du 800 m, Caster Semenya est triple championne du monde et double médaillée d’or olympique. Née le 7 janvier 1991 à Pietersburg, Afrique du Sud, elle remporte son premier grand tournoi lors des Championnats du monde de Berlin en 2009, à l’âge de 18 ans. A nouveau championne du monde en 2011 à Daegu, Corée du Sud, puis à Londres en 2017, elle domine la discipline aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 et de Rio de Janeiro quatre ans plus tard. Caster Semenya s’est également distinguée sur d’autres distances en remportant la médaille de bronze du 1500 m aux Championnats du monde de 2017.
Gagner les Jeux Olympiques, c’était un rêve qui se réalisait pour Caster. Un rêve qui a bien failli se briser en 2009, à la suite de son premier titre de championne du monde. En effet, suite à cette victoire, l’Association des Fédérations d’Athlétisme (IAAF) lance une enquête. Non pas pour soupçon de dopage, mais parce que ses opposant·e·s lui reprochent sa “voix d’homme”, sa “course d’homme”, “sa poitrine plate” et sa “coupe militaire”, en somme de ne pas être une “vraie femme”. Mais qu’est ce qu’une “vraie femme”? Interrogés en 2008, neuf médecins du sport étaient bien en peine de répondre à cette question ! Pourtant, le monde sportif conserve son schéma binaire, femme / homme, et se heurte ainsi à la difficulté de catégoriser les personnes intersexuées, dont les caractéristiques physiques biologiques ne correspondent pas aux définitions classiques de la masculinité et de la féminité.
L’enquête menée sur Caster, assignée femme à la naissance et s’identifiant comme telle, révèle son intersexuation. Le 6 juillet 2010, l’IAAF annonce qu’elle sera autorisée à concourir dans la catégorie femme ; ce qu’elle pourra faire jusqu’en mai 2019, date à laquelle l’IAAF publiera de nouvelles règles sur les femmes intersexes pour les courses allant du 400 m au 1500 m. Caster ne peut alors plus concourir dans sa spécialité, mais ne baisse pas les bras et lutte pour ses droits. Elle saisit la Cour Européenne des Droits de l’Homme en octobre 2020.
Heureusement, Caster est très soutenue, par le gouvernement de son pays comme par ses proches, et tout particulièrement par Violet Raseboya. Ancienne athlète, Violet est sa compagne de longue date, avec qui elle s’est mariée en décembre 2015. En attendant la réponse de la Cour Européenne, Caster continue à courir, sur des distances plus longues comme le 5000 m, et profite avec sa femme du bonheur d’être maman d’une petite fille.