LGBTquoi ? Définitions

Intersexuée / intersexe (personne)


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Caster Semenya - photo
Caster Semenya, athlète sud-africaine

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU),  les personnes intersexuées sont celles dont les caractéristiques physiques biologiques, telles que l’anatomie sexuelle, les organes génitaux, le fonctionnement hormonal ou le modèle chromosomique, ne correspondent pas aux définitions classiques de la masculinité et de la féminité. Ces caractéristiques peuvent se manifester à la naissance ou plus tard dans la vie, souvent à la puberté.

On parle également de variations du développement sexuel.
Ce sont des variations saines du vivant. Dans la très grande majorité des cas les personnes intersexes sont en bonne santé sans intervention médicale.

Nul besoin de ‘corriger’ le corps des enfants intersexes : 
ces enfants sont parfaits tels qu’ils sont !

Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme

Le nombre de personnes intersexuées dans le monde est difficile à déterminer avec précision, mais en 2016, l’ONU estimait qu’1,7 % des nouveaux-nés étaient intersexes.

Ce terme s’oppose à celui de personne dyadique, c’est-à-dire quand les caractéristiques physiques ou biologiques correspondent aux définitions binaires types des corps masculins et féminins.

Le terme intersexué-e remplace celui d’hermaphrodite, qui était largement utilisé par le milieu médical au cours des XVIIIe et XIXe siècle mais qui est jugé inadapté par les personnes concernées. En effet dans la mythologie, Hermaphrodite, qui est issu-e de la fusion d’une femme et d’un homme, possède des attributs masculins et féminins qui seraient complets et fonctionnels, ce qui n’est pas le cas des personnes intersexuées.

De nos jours, quand un-e enfant naît intersexué-e, il est exigé (par l’administration et une grande partie du corps médical) que lui soit attribué un sexe. Des interventions chirurgicales et des traitements hormonaux sont fréquemment pratiqués pour que l’aspect de son corps puisse correspondre à l’un des deux genres. Or, ce choix est arbitraire, basé sur des critères médicaux (taille des organes génitaux, par exemple). Cela pose problème car on ne demande pas son avis à l’enfant concerné-e, et le genre qui lui est attribué ne lui correspondra peut-être pas plus tard. Pourtant, la chirurgie est irréversible et tout changement d’état civil est très difficile à obtenir.

Les associations de personnes intersexuées réclament l’arrêt de ces traitements médicaux qui ne répondent pas à un besoin de santé, mais peuvent constituer de graves mutilations.

Il arrive également que l’intersexuation ne soit pas visible à la naissance. C’est à la puberté, voire plus tard, que peuvent apparaître des variations des caractéristiques physiques.
Il est arrivé également que des personnes découvrent leur intersexuation à l’occasion d’un test génétique ou hormonal.

Les sociétés contemporaines rejettent dans leur écrasante majorité la possibilité pour un individu d’être intersexué et de vivre cette variation sans être pathologisé-e. Quelques pays font toutefois exception. Par exemple, en Allemagne, une loi adoptée en 2013 offre aux parents d’un nouveau-né le choix de porter à l’État Civil la mention de sexe indéterminé. A Malte, une loi adoptée en 2015, interdit les traitements et/ou interventions chirurgicales, sans le consentement de la personne concernée. Hors de l’Europe, l’Australie, la Malaisie, le Népal, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud autorisent l’indication “X” (autre sexe) sur les passeports.
En France, en 2015, un Tribunal de Grande Instance a, pour la première fois, rendu une décision favorable à la demande d’une personne intersexuée de porter la mention “sexe : neutre” sur son état civil (décision du 20 août 2015 du Tribunal de Grande Instance de Tours). Mais cette décision a été infirmée par la Cour d’appel d’Orléans ; la mention “sexe : neutre” sur l’état civil n’a finalement pas été acceptée. Cette personne a donc décidé de porter l’affaire auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Ceci étant dit, la 3ème case de sexe/genre n’est pas forcément une revendication des associations telles que le Collectif Intersexes et Allié.e.s dans cet article : “tou-te-s les adultes et les mineur-e-s aptes devraient pouvoir choisir entre genre féminin, masculin, non-binaire, ou d’autres options multiples. Dans l’avenir, comme pour la race ou la religion, le sexe ou le genre ne devrait pas être une catégorie sur les certificats de naissance ou les documents d’identification pour qui que ce soit. Notre but final, en tant que mouvement, est bien l’abrogation totale des catégories sexuées sur les documents d’identité, et non la création pérenne d’une troisième catégorie de sexe à l’état-civil. Pourquoi ? Parce que nous constatons, un peu partout où cette réforme a été appliquée, qu’elle a des effets majoritairement négatifs. […] On a constaté, comme en Allemagne ou en Australie, que la conséquence directe est en fait que les parents sont encore plus soumis.es à des pressions médicales pour « sauver » leurs enfants de cette terrible troisième case, et que les mutilations s’en trouvent augmentées”. Et lorsque le changement d’état civil de cette case à une autre est possible, c’est malheureusement avec l’obligation de fournir un certificat médical, ce qui pathologise encore la situation de la personne.

Certaines personnes intersexuées se revendiquent comme intersexe, soutenant ainsi une vision positive de leur corps, considérant qu’elles ne souffrent d’aucune pathologie et affirmant une identité politique.

Le 26 octobre est la journée internationale de visibilité intersexe et le 8 novembre, la journée internationale de solidarité intersexe.

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