La musique d’Anohni est enveloppante, douce et triste, et dégage pour autant une formidable puissance. Cela doit pour beaucoup à sa voix unique : à l’instar de celles d’Asaf Avidan et de Tracy Chapman, on ne saurait dire si elle appartient à un homme ou à une femme. Mais pour Anohni, cette androgynie va au delà de sa façon de chanter, et fait partie de son identité profonde. Elle est homme et femme à la fois et en parle dans certaines de ses chansons telle que « For today I am a boy ».
En tant qu’artiste pudique, monter sur scène pour interpréter des morceaux aussi personnels n’a pas été facile mais elle a choisi de dépasser la honte qu’elle ressentait pour que cela puisse résonner chez d’autres.
Son groupe, Antony and the Johnsons, a été nommé en hommage à Marsha P. Johnson, militante pour les droits des personnes trans entre les années 60 et 90. Ce choix en dit long sur l’engagement d’Anohni, qui préfère d’ailleurs parler de ses combats plutôt que d’elle.
Féministe active, elle prêche notamment pour un profond changement de la société afin de passer du modèle patriarcal à une gouvernance plus féminine. Selon elle, laisser davantage de place à l’émotion, l’intuition et l’empathie, qualités qu’elle associe à ce genre, permettrait d’évoluer vers un monde moins violent, plus respectueux des personnes et de la nature.
Anohni applique d’abord ce principe à elle-même, puisque sa part féminine s’est toujours exprimée librement et largement. Pour autant, son identité est longtemps restée ambiguë jusqu’en 2016 où elle a sorti l’album Hopelessness sous son nouveau nom d’artiste et en tant que femme. Anonhi exprime beaucoup d’amour et de solidarité pour ceux qu’elle appelle « sa famille », les millions de personnes trans dans le monde.