Nina Bouraoui naît le 31 juillet 1967, à Rennes, d’un père algérien et d’une mère bretonne. Alors que la plupart des français·e·s quittent l’Algérie au moment où le pays regagne son indépendance, ses parents font le voyage contraire. L’autrice, jusqu’à ses 14 ans, grandit et vit en Algérie. Puis, le 17 juillet 1981, arrive le retour en France, puisque sa mère a trop peur quand elle est seule dans les rues d’Alger. Déracinée, Nina Bouraoui doit quitter tou·te·s ses ami·e·s, une partie de sa culture et en découvre une nouvelle, entre Paris et Rennes, dans sa famille française.
Dans ce livre, l’autrice partage son récit en deux catégories : “se souvenir”, où elle se rappelle de son enfance en Algérie, des relations qu’elle avait là-bas, notamment l’amitié fusionnelle avec Ali, et “devenir”. Devenir homosexuelle.
Arrivée à Paris à 18 ans, Nina Bouraoui narre sa découverte du Katmandou, un bar lesbien des années 1980. Elle y va seule, observant ce milieu qui lui est si inconnu, qu’elle n’assume pas encore. À force de soirées accoudée au bar, elle intègre le groupe d’Ely, où les liaisons sont tumultueuses, passionnées et étranges parfois. C’est aussi grâce à ses récentes amies qu’elle peut approcher son premier crush : Julia. Cette nouvelle vie arrive presque trop vite pour elle. Alors l’écriture devient un exutoire, un espace où elle maîtrise les choses : “J’écris pour être aimée et pour aimer à l’intérieur de mes pages. Je réalise mes rêves en les écrivant – je m’invente, ainsi, de nombreuses liaisons, vainquant ma peur des femmes et de l’inconnu.” explique-t-elle.
Nina Bouraoui, en étant franco-algérienne et lesbienne, entremêle ses différentes identités, ses cultures multiples. Elle exprime les difficultés à combiner les différentes facettes de sa personne, surtout dans la construction de son désir de femme homosexuelle. Elle explique, lors une interview dans l’émission de radio Par Jupiter !, que ce livre est celui qu’elle aurait voulu avoir en étant adolescente. En effet, il s’agit d’un récit initiatique qui parle des particularités de la construction de l’identité lesbienne, tout particulièrement lorsque l’on est une personne racisée. Elle le fait avec une grande bienveillance, expliquant son cheminement, son avancement et comment elle a pu s’épanouir. Si “se souvenir” et “devenir” sont les deux catégories principales, au fil de la narration, d’autres sections apparaissent, montrant l’accomplissement de sa personne et de l’autrice qu’elle est devenue aujourd’hui.
Mais qu’est-ce que tous les humains désirent naturellement savoir ? Ce qu’est l’amour et comment on le vit bien sûr.