Tomboy commence par des images d’été, lumineuses et ordinaires : une famille qui déménage, une nouvelle vie qui s’annonce, des enfants qui chahutent. Le plus grand, une dizaine d’années, sort de l’immeuble et rencontre Lisa, une fille de son âge qui l’interroge aussitôt : “T’es nouveau ? Tu t’appelles comment ?” Après hésitation, la réponse vient : “Je m’appelle Michaël.” Quoi de plus banal comme début ? Sauf que lorsque “Michaël” rentre chez lui, ses parents l’appellent Laure, nous révélant alors l’enjeu du film : une petite fille qui semble se sentir mieux dans sa peau lorsqu’elle devient Michaël. Rapidement intégrée en tant que garçon par les autres jeunes de l’immeuble, les choses se compliquent inévitablement : Lisa tombe amoureuse de Michaël tandis que Jeanne, sa petite sœur intrépide, découvre la vérité. Et la rentrée scolaire approche…
Comment vivre dans un corps de fille et s’affirmer comme garçon ? Et comment le faire admettre par les autres ? Sans jamais rentrer dans les pensées de Laure/Michaël, Tomboy nous fait vivre au plus près cette identité choisie sans chercher à l’expliquer, en dépeignant une vie infiniment normale, ordinaire, n’eût été ce changement de prénom – un détail, mais qui peut créer des cataclysmes. Le film, en effet, s’intéresse surtout à la manière dont ce changement est perçu par son entourage : de l’accueil naturel de la petite sœur au refus ou à la gêne des parents.
La réalisatrice, Céline Sciamma, nous propose un film juste, brillamment interprété, et particulièrement touchant.