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Moi, homophobe ! le jour où mon fils m’a annoncé son homosexualité

Anna Ghione


Michalon, 2013

Temps de lecture: 3 minutes
Moi, homophobe ! - photo

C’est en qualité de mère aimante qu’Anna Ghione a tenu à prendre la plume. Un jour, elle a réalisé tout le mal qu’elle avait fait à son fils Alexandre en n’acceptant pas son homosexualité. Cette femme battante s’est alors engagée sur la voie de la réparation en militant à ses côtés, en soutenant d’autres parents, et en témoignant. Défi difficile pour une personne qui n’est pas écrivain, mais qu’elle a relevé en mettant à l’œuvre sa sincérité et son désir d’aider les autres.

Son histoire est précieuse car elle nous révèle la face « cachée » du coming out, celle qui apparaît entre les lignes des témoignages que vous nous adressez : le point de vue des parents.  

Ce n’est qu’après des années de douleur et de conflit que cette mère a pris conscience que ce qu’elle manifestait s’appelait homophobie. Persuadée de ne vouloir que le bien de son fils, elle l’a rejeté : pourtant elle aime Alexandre plus que tout et pensait même tolérer sans difficulté l’homosexualité « en général ». 

Son récit retrace toute son histoire de mère et de femme, à travers les joies et les épreuves qui l’ont construite et lui ont permis de progresser vers l’acceptation de son fils, tel qu’il est. Le passage par une psychothérapie, notamment, lui a révélé en quoi ses origines, son enfance, sa relation à ses propres parents, étaient à la source de nombre de ses peurs et des exigences inconscientes qu’elle faisait porter à son fils. Une fois ces défenses tombées, elle a enfin pu mettre de côté ses craintes de mère pour pouvoir s’ouvrir au point de vue d’Alexandre, entendre ses peines et le soutenir de nouveau. Enfin, rencontrer d’autres homosexuel-le-s lui a permis de tout simplement constater la « normalité » de leurs vies et de faire tomber ses derniers tabous et préjugés.

Avec le recul, je suis obligée de reconnaître que j’ai souvent été désorientée face à l’homosexualité. Comme beaucoup de gens, je crois, je n’y voyais à priori aucun problème. Tant que cela ne me concernait pas directement.


Du refus à la colère en passant par le déni… Doucement, j’ai accepté, grâce à une aide thérapeutique et avec le temps. Je peux dire aujourd’hui qu’adopter totalement le monde de l’autre m’a demandé beaucoup d’efforts. L’amour que je porte à mon fils a sans doute favorisé cette adaptation, mais cela n’était pas suffisant pour l’accepter tel qu’il est.

On perçoit à travers son histoire, toute singulière, qu’il peut exister une multitude de formes d’homophobie.En effet, les personnes qui sont homophobes le sont pour des raisons différentes, selon leur parcours et leur éducation. Chacun-e l’exprime à sa manière et a plus ou moins de faculté à faire évoluer son point de vue. Lorsque la bienveillance est là, le temps et le dialogue peuvent venir à bout de la peur et du rejet. 
Si vos parents ont du mal à accepter votre homosexualité, peut-être aurez-vous envie de leur mettre ce livre entre les mains ?

Nous en profitons pour mettre à l’honneur le formidable travail d’associations nationales ou locales qui ouvrent leurs portes à des gays, lesbiennes, trans, mais aussi à leurs familles. En les accueillant et en recevant leurs réticences sans jugement, elles leur offrent un espace où l’acceptation peut faire son chemin.