Bruno a la quarantaine bien sonnée. Comme tous les étés, il va retrouver sa mère, sa sœur, et les enfants de cette dernière dans la maison de famille du Conquet, en Bretagne. Mais les vacances qui s’annoncent ont un sens particulier : leur mère, celle qui a toujours été son idéal et son repère, est malade. Elle se tient en retrait, comme absente. Alors Bruno essaie de parler avec sa sœur Isabelle et de retrouver le lien privilégié avec ses neveux, en attendant l’arrivée de son compagnon, Émile, « esprit libre qui n’aspire qu’à aimer et vivre simplement« , pour oublier « ses fantômes intérieurs repartis au Liban« .
Les chapitres du roman alternent entre le récit de cet été particulier et des plongées dans l’enfance de Bruno. Du milieu des années 1960 à la fuite à Paris, une décennie plus tard, c’est toute une enfance et une jeunesse qui défilent. Récit de vacances idylliques au fin fond du Limousin, conflits incessants des parents, père tyrannique et lointain : patiemment, en remontant depuis l’enfance, Bruno raconte sa vie par touches délicates. Son identification profonde à la condition des femmes (à commencer par sa mère) et son attirance précoce pour les garçons jouent un rôle important dans le récit qu’il donne.
Ce roman de Martin Provost a de fortes résonances autobiographiques. Cinéaste (il est entre autres l’auteur du film Séraphine), scénariste, écrivain, il nous fait partager avec Léger, humain, pardonnable son expérience d’une voix douce et lucide. Rédigé dans une langue simple et sans manières, c’est un livre dont toute la finesse se niche dans de petits détails.