La famille n’est pas forcément homophobe ou transphobe, mais peut s’avérer des plus pénibles si elle l’est. Surtout quand on est mineur-e ou qu’on en dépend. Pour certain-e-s, c’est parfois le lieu du premier coming out ; pour d’autres, il n’en sera jamais question.
Diversité des situations et signes d’homophobie familiale
Les membres d’une même famille peuvent réagir très différemment à l’homosexualité d’un proche. La façon dont les personnes commentent la question homosexuelle ou trans dans les conversations et les médias constitue un premier indice auquel il s’agit d’être attentif pour tâter le terrain. Bien qu’il arrive aussi qu’un discours tolérant cache de mauvaises surprises, quand il s’agit de ses propres enfants (ça ne les “dérange” pas, sauf sous leur toit). Inversement, des personnes aux propos homophobes peuvent se révéler tolérantes quand il s’agit de défendre un-e proche (ça les “dérange” mais puisque c’est un des leurs…). Une personne qui évite systématiquement ce genre de sujet peut éprouver un malaise à en parler (pour diverses raisons) ou estimer que moins on en parle et mieux c’est – ce qui est rarement bon signe.
Faire son coming out ?
D’une manière générale, faire son coming out à des personnes de sa famille est une affaire strictement personnelle et ne devrait jamais être considéré comme un passage obligé.
En parler en premier lieu à ses frères et sœurs, ou à un autre membre de confiance peut servir de test ou créer des alliés (mais attention aux mauvaises surprises). Tout coming out est différent et délicat ; toutefois s’il est souvent appréhendé, il peut – dans certains cas – se révéler une simple formalité pour des proches observateurs qui auraient déjà deviné. Dans la plupart des cas, tout se passe bien. Mais on recommande généralement aux jeunes qui veulent parler de leur attirance pour le même sexe ou de leur transidentité à leurs parents de s’assurer un point de chute, par précaution. C’est dans les familles ultra-religieuses d’Amérique du Nord que l’on trouve le plus grand nombre d’enfants mis à la porte du domicile familial pour leur homosexualité, réelle ou soupçonnée. Ce genre de situation est plus rare en France et dans les pays européens en général. La loi française d’ailleurs interdit de mettre à la porte un enfant mineur.
Dans le cas d’un éloignement — provisoire ou définitif — du domicile familial, il est très important, pour un mineur, que l’adulte qui l’héberge prévienne ses parents et la police : une personne adulte qui héberge un mineur sans l’accord des parents et sans signalement aux autorités policières risque de sérieux ennuis judiciaires.
L’homophobie dans la famille
Des études scientifiques récentes ont montré que les comportements négatifs des parents face à la révélation de l’homosexualité d’un de leurs enfants pouvaient avoir de graves répercussions sur le moral et la vie future de ces derniers. Une homophobie familiale prononcée peut être la cause d’un taux anormalement élevé de dépressions, de conduites à risque, de maladies, et de tentatives de suicide. Bien entendu, tous les jeunes ne réagissent pas de la même façon, et certains ressortent même renforcés de l’épreuve. Mais le risque est là.
Au reste, les réactions violentes des parents (de type colère, expulsion) ne sont pas forcément les plus graves à long terme — quand elles n’ont pas de conséquences irrémédiables, elles peuvent être provisoires. Les formes plus subtiles de rejet peuvent avoir des conséquences psychologiques profondes, notamment quand elles jouent sur la culpabilisation, l’isolement, en particulier quand elles se traduisent par une forme de harcèlement moral durable.
Comment réagir ?
Dans les cas les plus graves, pour un mineur, il est possible d’appeler le 119, ligne d’appel de l’enfance en danger. Une infirmière ou un médecin (scolaires ou non) sont également tenus de réagir en urgence et de porter assistance à un jeune en difficulté. De plus, ils doivent respecter le secret professionnel. Pour les enfants majeurs expulsés de chez eux, il existe des structures d’accueil, mais leur capacité d’hébergement est faible. Une assistante sociale ou un éducateur peuvent également trouver des solutions provisoires, en matière d’hébergement et de poursuite des études.
Dans tous les cas, on peut faire appel aux associations spécialisées dans ces questions. Un appel sur la ligne de SOS homophobie permettra d’obtenir des informations plus adaptées à une situation personnelle. L’association Contact est spécialisée quant à elle dans ce qu’on appelle la “médiation” entre les homosexuel-le-s et leur famille, c’est-à-dire dans un travail d’accompagnement pour améliorer ou recréer des liens entre les un-e-s et les autres. Les centres LGBT de Paris ou provinces sont des lieux d’accueil et de conseils.