Certains parents s’attendent à ce que leur enfant soit bi, lesbienne ou gay. Ils ont perçu des signes, se doutent de quelque chose, voire même ont essayé de mettre eux-mêmes le sujet sur le tapis. Pour d’autres, c’est la surprise totale et ils vont avoir besoin de temps et de réflexion pour digérer l’information… Même celles et ceux qui n’ont pas particulièrement d’opinions LGBTphobes !
Après le premier choc de la découverte, certains parents sont tellement déstabilisés qu’ils peuvent comparer la suite d’un coming out à un deuil. Pas forcément parce que c’est une période très triste, mais parce qu’ils passent par plusieurs des phases typiques du deuil (déni, culpabilité, colère, etc) ou ressentent plusieurs de ces sentiments simultanément. Renoncer à l’identité hétérosexuelle ou cisgenre qu’ils avaient supposée pour leur enfant est difficile, car cela veut dire qu’ils ne peuvent plus se projeter sur des repères connus et rassurants, c’est-à-dire l’image d’une vie hétéro ou cis très “classique” : vie de couple, fondation d’une famille, petits-enfants. Pourtant, même si c’est plus complexe, tout cela reste possible, et il leur faut juste parvenir à voir les choses autrement.
En cherchant des informations, ils vont apprendre et déconstruire leurs préjugés. Il y a sans doute quelques a priori dont ils devront se défaire, parce qu’ils les avaient intégrés sans tellement prendre le temps d’y réfléchir tant que ça ne les concernait pas personnellement. L’une des fausses idées les plus répandues, est que l’orientation amoureuse et sexuelle ou la transidentité seraient un choix. C’est important de se débarrasser de cette idée pour accepter que ça ne changera pas, que rien ne sert de batailler ou de forcer son enfant à devenir autre chose que ce qu’il/elle est, que c’est comme ça.
Ils vont aussi découvrir des modèles d’identification positive, par exemple remarquer que leur animateur télé préféré est gay et semble tout à fait épanoui. Ils vont faire plus attention aux représentations de couples homosexuels dans les médias et à ceux qu’ils pourront croiser dans la vraie vie. Il est possible qu’ils n’aient jamais vu de personnes trans ou de couples d’hommes ou de femmes s’embrasser !
En même temps, les parents devront trouver des sources d’information pour déconstruire les théories culpabilisantes (et fausses) sur les origines de l’homosexualité, de la bisexualité ou de la transidentité, qui peuvent peser sur eux : enfance malheureuse, relations perturbées avec les parents, mères étouffantes ou séductrices, ou encore pères rejetant leur enfant. Beaucoup d’entre eux se disent : “qu’est-ce que j’ai fait (ou pas fait) pour que mon enfant soit comme ça ? C’est de ma faute !”. Bien sûr, tout cela est faux car aucun lien entre trajectoires de vie ou éducation et orientation sexuelle ou transidentité n’a jamais pu être établi.
Au fur et à mesure, il leur sera possible de se créer de nouvelles attentes, de nouveaux espoirs et rêves pour leur enfant. Peu à peu, les parents parviennent généralement à se représenter ce que peut être la vie d’une personne homosexuelle, bisexuelle ou trans, notamment l’engagement heureux dans un couple durable, la réussite professionnelle, et même la parentalité. Bref, la même chose qu’avant finalement, avec juste peut-être un beau-fils ou une belle-fille là où ils ne l’attendaient pas ! 😉
Une fois la première étape de confusion passée, les parents s’inquiètent de l’homophobie ou la transphobie que leur enfant pourra rencontrer. Ils réalisent que ce n’est pas forcément l’homosexualité, la bisexualité ou la transidentité en elle-même qui les a inquiétés, mais davantage ses inconvénients supposés et le risque pour leur enfant d’être confronté.e à des manifestations de LGBTphobie. A ce moment, leur première préoccupation devient que leur enfant aille bien et soit heureux.
A leur tour, ils devront affronter le regard des autres lorsqu’ils en parleront avec leurs ami.e.s, collègues et connaissances.
A la fin d’un cheminement plus ou moins long, la plupart des parents s’adaptent à la nouvelle identité de leur enfant et parviennent à intégrer ce fait, à différents degrés, à une vie familiale comme les autres.
Beaucoup décrivent même un soulagement (le secret que leur cachait leur enfant n’était finalement pas grave), et des relations qui se sont améliorées après la découverte.