Alison Bechdel grandit dans les années 60 en Pennsylvanie. La « fun home » (qu’on pourrait de prime abord traduire par maison amusante) où prend place son autobiographie n’est pas le foyer familial plein de joie qu’on pourrait imaginer. En effet, même si ses parents sont épicuriens par leur amour de la vie et des arts, ils ne lui épargnent rien de la dureté de l’existence et ne lui donnent pas beaucoup de tendresse. En réalité, « fun home » est le diminutif de Funeral Home, la maison funéraire où exerce son père, entrepreneur en pompes funèbres et thanatopracteur dans la continuité de la tradition familiale. Petite, Alison s’est beaucoup identifiée à ce père dont la sensibilité et l’amour du beau (notamment de la littérature, de la décoration et du jardinage) l’intriguaient. Elle l’a placé au centre de sa bande dessinée, lui qui est mort trop tôt et dans des circonstances floues.
Fun home raconte par petites touches toutes ces aventures, grandes découvertes et immenses interrogations qui font l’enfance puis l’adolescence. Le récit alterne déroulement chronologique et fréquents retours dans des épisodes du passé, auxquels Alison apporte un nouvel éclairage au fur et à mesure qu’elle apprend de nouveaux éléments sur l’histoire familiale.
Lors de son arrivée à la faculté, lorsqu’elle découvre son homosexualité, Alison réagit conformément au modèle de ses parents qui sont des intellectuels : ce sont les livres qui vont lui permettre de donner du sens à ce qu’elle ressent et de découvrir quelle adulte elle se destine à devenir. On suit alors sa découverte du féminisme, de la communauté LGBT, de l’amour, mais aussi d’un secret familial aussi fascinant que déconcertant.
Dans ce roman dessiné où la littérature tient une grande place, Alison Bechdel nous fait voyager dans son histoire grâce à son talent de dessinatrice mais aussi, et surtout, de narratrice.