Mélanie (Anjorka Strechel) est une garçonne : elle marche, s’habille comme un homme, et effectue beaucoup de tâches considérées comme « typiquement masculines ». Au volant de sa voiture, un événement va changer sa vie: elle manque de renverser une jeune fille. Blonde et belle, surgie de nulle part telle un ange, cette dernière répond au doux nom de Jenny (Lucie Hollmann). Elle a très vite beaucoup d’intérêt pour Mel ; mais Jenny, encore inexpérimentée en amour, semble avoir une préférence pour les garçons. Pour ne pas la décevoir, Mel se rebaptise Miguel. C’est aussi le nom qu’elle utilise pour son faux petit ami, inventé pour les besoins de la famille. Miguel est alors un double personnage imaginaire, garde-fou de la norme: Mel est à la fois un garçon amoureuse d’une fille, et une fille qui est en couple avec un garçon. Mais son genre et son sexe sera t-il un frein à sa relation avec Jenny?
Le film est intéressant car il parvient à lier la question de l’homosexualité à celle du sexe, et pose la question des frontières de l’amour. Qu’est ce qui est important en amour, l’attirance, l’amitié, ou encore cette chose inexplicable qui nous lie à l’autre? Jenny est dupée, mais le sommes-nous pas tous quand on est attiré par l’autre, aveuglé par le désir? Toutes ces questions se posent dans ce film à l’esthétique très contemplative.
Malheureusement, ce parti-pris esthétique donne une certaine lenteur à l’ensemble. On aurait aimé que le temps du récit soit mieux investi. Ainsi, nous n’assistons pas à la réaction de la famille lorsqu’elle découvre l’homosexualité de Mélanie, ni à celle de son frère Knut (Florian Panzner), jusqu’alors très proche d’elle. Ces éléments narratifs auraient donné de l’épaisseur à l’intrigue, qui partait d’une idée originale, à l’instar de Tomboy. Les dialogues entre Mel et son collègue Nuno (Manuel Cortez) sauvent les meubles. Il faut alors se contenter de la douce caresse d’une relation fragile entre les deux êtres, qui comme des ailes du papillon se touchent pour mieux s’éloigner.