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Pedro Almodovar


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Pedro Almodovar - photo
© Jean-François Robert pour Télérama

Pedro Almodovar est un réalisateur d’origine espagnole né le 24 septembre 1949 dans la petite ville de Calzada de Calatrava.

A 18 ans il part pour la capitale, Madrid, où il compte devenir cinéaste. Mais pour gagner sa vie, il travaille à la Compagnie nationale de téléphone d’Espagne où il restera pendant 12 ans. Parallèlement il se produit avec une troupe de théâtre amateur puis un groupe de musique punk rock.

Entre 1974 et 1978 il réalise une dizaine de courts-métrages amateurs qui seront remarqués dans le milieu dit underground, puis un long métrage amateur en 1978 intitulé Folle, folle, folleme Tim !. Il faut attendre 1980 pour que sorte Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, son premier vrai long métrage. Dès lors, son style d’une grande liberté, mêlant drame et comédie, situations banales et histoires totalement loufoques, fait fureur même s’il est vivement critiqué dans un premier temps. Une poignée de films s’enchaînent alors, tous d’une liberté de ton inédite qui fait se rencontrer amour, sexualité, religion, intrigues policières et humour déjanté. Almodovar n’a aucune limite dans la provocation et ses personnages reflètent la totale liberté propre à la Movida, mouvement créatif espagnol du début des années 1980. Ce mouvement est né avec la fin de la dictature du général Franco, qui fut chef du gouvernement espagnol jusqu’à sa mort en 1975.

Pour le jeune cinéaste, le succès est de plus en plus important jusqu’à la consécration avec Femmes au bord de la crise de nerf, récompensé en 1989 par 5 Goya (l’équivalent espagnol des César français) et qui le fait connaître dans le monde entier. Depuis Pedro Almodovar est l’un des réalisateurs espagnols les plus respectés. Ses films sont marqués par la crudité avec laquelle il évoque des thèmes durs comme le viol, la drogue, le meurtre, la pédophilie mais aussi des thèmes heurtant les bonnes mœurs de l’époque où il commença sa carrière : c’est ainsi que toutes ses œuvres mettent en scène des homosexuels, des bisexuels, des travestis, des trans (Almodovar lui-même a d’ailleurs toujours assumé et même revendiqué son homosexualité). Citons pour exemple La Loi du désir où les trois personnages principaux sont un écrivain homosexuel, son amant et sa sœur qui était autrefois un homme. La force de ses films réside dans la revendication de cette indépendance d’esprit et d’être, mais aussi l’omniprésence de l’amour, du drame, de la tendresse et du rire.

Avec Talons aiguilles en 1991 (César du meilleur film étranger), son cinéma prend un tournant un peu plus intimiste en explorant un de ses thèmes chers : les relations mère-enfant. C’est d’ailleurs sur ce thème-là que se construit le film Tout sur ma mère (1999), un des temps forts de la carrière du cinéaste puisqu’il obtient de nombreuses récompenses à travers le monde. Cette oeuvre évoque aussi le thème de la transidentité puisque son héroïne part à la recherche du père de son défunt fils, femme trans qui s’appele Lola.

Ces dernières années, Pedro Almodovar s’est illustré avec un thriller intitulé La piel que habito adapté du roman français Mygale de Thierry Jonquet qui là aussi évoque le changement d’identité sexuelle en mettant en scène un chirurgien qui fait subir de nombreuses interventions à un jeune homme fait prisonnier pour lui donner l’apparence de sa femme décédée. Un de ses derniers films à est une comédie renouant avec le style de ses débuts, Les amants passagers.