C’est clair que je suis coupable. Je leur ai pas dit le contraire, aux flics. Mais j’ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Je leur ai expliqué par rapport à ma mère, à l’honneur de Pauline, l’honneur de la famille. Que j’étais le grand frère, que j’étais obligé de m’en mêler.
Yvan, 16 ans, est en garde à vue au commissariat. Il a suffi d’un crochet du gauche et d’un uppercut du droit pour que sa vie bascule à la sortie des cours, sous le préau du collège de sa sœur, Pauline. Dans sa cellule, Yvan se repasse le film des événements. Si seulement sa mère ne lui avait pas demandé de protéger sa petite sœur de cette garce de Sandra après la bagarre qui les avait opposées la semaine précédente. Tour à tour, Pauline, Thomas et Sandra nous racontent leur version des faits. Les rivalités amoureuses, les doubles jeux, les mensonges, les émotions mal maîtrisées et Sandra qui finalement a mis le feu aux poudres en provoquant Yvan ce midi-là. Mais hors de question pour lui de dévoiler aux inspecteurs ce qui a pu provoquer sa rage, ces paroles froides et dures que Sandra lui a lancées à la figure. Il y va de son honneur !
Roland Godel s’est inspiré librement d’un fait divers survenu dans le Sud-Ouest de la France pour écrire Le sens de l’honneur. En 84 pages, cette histoire soulève la question de l’homophobie intériorisée et du prix à payer pour préserver sa réputation et cacher son homosexualité dans une petite bourgade. Les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu au fil des récits des différents personnages jusqu’au dénouement final.