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Violette Leduc


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Violette Leduc - photo

Violette Leduc, née le 7 avril 1907, est une auteure française. Sa vocation pour les lettres, dit-elle, lui est venue des autres. En premier lieu de Maurice Sachs — ami écrivain avec qui elle a partagé l’exode vers la Bretagne pour vivre du marché noir durant la Seconde Guerre Mondiale — qui l’a décidée à raconter sa vie. Puis dans un second temps de Simone de Beauvoir, philosophe et écrivaine connue pour son militantisme féministe, qui a reconnu son talent en lisant son premier manuscrit L’Asphyxiée et l’a incitée à publier et à continuer d’écrire. Cependant le succès ne fut pas au rendez-vous avec ce premier récit et il lui fallut attendre 1964 avec La Bâtarde pour obtenir un succès auprès du grand public. C’est avec ce roman qu’elle a frôlé le prestigieux prix Goncourt.

Dans ses œuvres, Violette Leduc a essentiellement raconté sa vie car, ainsi qu’elle le disait elle-même, elle n’avait pas d’imagination. Ses amours y ont pris dès le début une place essentielle, comme dans son second roman L’Affamée paru en 1948 qui relate sa passion sans borne pour Simone de Beauvoir. Elle y décrit ses attentes, ses peines, et ses désespoirs de ne pas être aimée, tout en étant consciente que cela est impossible, car Beauvoir aimait Jean-Paul Sartre, célèbre philosophe et homme de lettres qui fut le conjoint de cette dernière. Cependant elles sont toujours restées proches l’une de l’autre. Simone de Beauvoir l’a encouragée à parler de ses amours pour des hommes mais aussi des femmes. Dès lors Violette Leduc a entrepris de raconter dans La Folie en tête ses attirances pour Maurice Sachs, puis Jacques Guérin (industriel parfumeur), avec qui tout amour aurait été impossible car tous deux étaient homosexuels. En 1966, après avoir censuré plusieurs fois le texte, l’éditeur Gallimard accepta de publier Thérèse et Isabelle, où Violette Leduc racontait la passion vécue avec une de ses camarades de pensionnat. Le livre est republié en 2000 dans une version entière non censurée. Parmi toutes ces relations sentimentales, la seule ayant été réciproque fut son amour pour Denise Hertgès, une professeure de musique avec qui elle est restée neuf ans en couple et dont elle parle dans La Bâtarde sous le nom d’Hermine.

Violette Leduc a fréquenté des intellectuels de son époque : Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre, Jean Genet, etc. Ils l’ont vite reconnue comme l’une des leurs, par son écriture, mais aussi son humilité. Cependant, elle n’a pu longtemps participer à la vie mondaine : victime de crises de paranoïa, elle fit plusieurs séjours en maison de repos. Elle en garda des traces, mais réussit à s’en servir comme matière d’écriture. Grâce au succès de La Bâtarde, elle s’est achetée une maison dans le Vaucluse qui devint son havre de paix. Elle s’y est éteinte le 28 mai 1972 des suites d’un cancer du sein. Simone de Beauvoir, nommée héritière de son œuvre littéraire, fit publier l’année suivante La Chasse à l’amour.

En 2013, Violette Leduc est incarnée par Emmanuelle Devos dans le film de Martin Provost, Violette, qui met en scène sa vie et plus particulièrement sa relation avec Simone de Beauvoir. Mais les autres acteurs de sa vie ne sont pas oubliés, comme Maurice, Jacques et Hermine. Ce biopic permet de redécouvrir l’œuvre de cette romancière inclassable, qui savait parler de sexualité féminine avec grâce et poésie.

Bande annonce du film Violette, de Martin Provost